Les villes ont aussi un rôle à jouer dans la lutte contre le terrorisme, en prévention de la radicalisation et pour assurer la sécurité de leurs citoyens, a estimé le maire de Montréal, Denis Coderre, de passage à Paris.

«Les villes sont des ordres de gouvernement. On peut travailler ensemble, notamment dans l'application [de la loi]», a plaidé M. Coderre, en ajoutant que sous peu, «75% de la population va vivre en ville».

En marge d'une rencontre avec le président français François Hollande, le maire de Montréal a annoncé la tenue d'un sommet, à Montréal, sur l'intégration et la sécurité, dans la foulée des attaques terroristes de Paris, au début du mois de janvier, ainsi que des événements de Saint-Jean-sur-Richelieu et Ottawa, l'automne dernier.

M. Coderre propose ainsi de rassembler les maires de diverses métropoles pour traiter de ces sujets, en marge de la Conférence de Montréal, forum économique qui se tient chaque année au mois de juin. «On est tous concernés, a dit le maire. La question est de savoir qu'est-ce qu'on peut faire ensemble.»

M. Coderre a rappelé qu'il est en négociations avec Québec pour que Montréal obtienne davantage de pouvoirs, notamment par la création d'un «statut de métropole».

«Pour ce qui se passe sur notre territoire, il faut qu'on ait cette capacité d'agir. Ça prend plus que juste des règles d'urbanisme, a souligné le maire. 

C'est avec les plus grands honneurs que Denis Coderre a été reçu en France: ce serait la première fois que le président de la République reçoit le maire d'une ville de l'extérieur de la France en visite officielle. 

En fin de journée, M. Coderre s'est rendu à l'hôtel de ville de Paris pour rencontrer son homologue, Anne Hidalgo. Le séjour en France du maire de Montréal se poursuit aujourd'hui. Il ira notamment rendre hommage aux victimes de l'épicerie casher de la porte de Vincennes et rencontrera l'ancien maire de Paris Bertrand Delanoë.

Chaoui: pas une question de liberté d'expression, dit Coderre

Ce n'est pas pour brimer la liberté d'expression de l'imam Hamza Chaoui que Montréal a bloqué le projet de centre communautaire islamique, mais bien pour une question de sécurité publique, a martelé Denis Coderre, de passage à Paris. «Pour la liberté d'expression, même si ses propos sont dégoûtants, on est capable d'y répondre. On peut être très virulent et éloquent en contre-attaques ou contre-arguments», a souligné le maire de Montréal. «Ce n'était pas une question de liberté d'expression ni de liberté de culte. C'était une question d'ordre public et de sécurité publique, a-t-il ajouté. Moi, mon rôle, c'est d'avoir cette vue d'ensemble. Fort de l'expérience que j'ai eue dans d'autres juridictions, je pense que c'était la décision à prendre.» «Pour moi, c'était un fomenteur de tensions sociales, un agent de radicalisation», a conclu le maire de Montréal.