Alors que la STM se plaint de sous-financement, qu'elle coupe des services d'autobus et que des dizaines de postes de changeurs ont été abolis dans plusieurs stations de métro, ses hauts dirigeants ont bénéficié d'augmentations de salaire largement supérieures à l'inflation, en 2014.

Selon des données rendues publiques hier par le quotidien The Gazette, les 39 cadres de la haute direction de la STM ont touché des augmentations de salaire moyennes de 3,9% en 2014, alors que le taux d'inflation au Québec était d'à peine 0,7% l'année précédente.

Ces augmentations de salaire ont été consenties après que les mêmes hauts dirigeants eurent touché des hausses de salaire moyennes de 6,5% en 2013. Selon les chiffres de The Gazette, les salaires de l'ensemble des cadres supérieurs ont grimpé de 9,4%, en moyenne, depuis 2012.

En 2014, le directeur général de la STM, Carl Desrosiers, a ainsi bénéficié d'une hausse de salaire de 4,5% représentant un peu plus de 14 000$. Son salaire annuel est ainsi passé à 327 369$ pour l'année en cours, soit, à quelques dollars près, le même que celui du premier ministre du Canada, Stephen Harper.

Tout en défendant le processus administratif ayant conduit à l'approbation de ces salaires, le président du conseil de la STM, Philippe Schnobb, a clairement évoqué la possibilité d'un «gel de salaires» pour 2015.

«Indécent»

Les révélations de The Gazette surviennent à un moment où la STM tente de comprimer ses dépenses de 65 millions et de juguler un «déficit structurel» de 20 millions, reconduit d'une année à l'autre depuis trois ans.

Pour y arriver, la STM a annoncé l'abolition de dizaines de postes de changeurs dans les stations de métro. Plusieurs de ces stations n'ont plus un seul changeur sur place, le soir. En plus de ces compressions de personnel, les services de bus de la STM ont été réduits de 3,1% en 2014, une première en près de 10 ans.

«Nous trouvons indécent que dans un contexte de coupures de services, les dirigeants se votent des augmentations de salaire de cette envergure», a affirmé le secrétaire général du Syndicat des chauffeurs d'autobus et opérateurs du métro affilié au SCFP, Yannick Boucher, dans une déclaration envoyée à La Presse.

«Cela démontre, ajoute-t-il, un manque flagrant de respect envers nos membres de même qu'envers la clientèle» de la STM, à qui la société a imposé cette année une augmentation des tarifs de 3,2%.

Au moment où ces hausses de salaire ont été approuvées par le conseil d'administration, en février 2014, la STM savait déjà qu'un exercice de compression des dépenses serait nécessaire, en cours d'année, pour boucler le budget annuel de 1,3 milliard de la société.

«Ces décisions, a expliqué M. Schnobb, ont été prises sur la recommandation du directeur général, et basées sur la performance de chaque membre de la direction qui avaient tous des objectifs à atteindre durant l'année 2013. Ce n'est pas aléatoire. C'est le même genre de processus qu'on voit dans de nombreuses entreprises privées.»

Satisfaction en baisse

Même s'il juge le processus légitime, le président de la STM reconnaît que «la prochaine fois qu'on aura à se prononcer, tous les scénarios seront sur la table, y compris un gel salarial».

«On aura des discussions à ce sujet au comité des ressources humaines, poursuit M. Schnobb. Je ne peux pas prendre un engagement là-dessus, mais je peux assurer que le scénario du gel sera sur la table.»

Même si une majorité des cadres ont obtenu des augmentations de salaire variant de 2,5% à 5,5% pour leur performance de 2013, le taux de satisfaction des usagers envers les services d'autobus et de métro offerts par la STM a chuté de plusieurs points, cette année-là.

Dans son rapport annuel 2013, la STM a ainsi relevé qu'«une série de pannes globales du métro ont eu un impact significatif sur la perception du client. Le taux de satisfaction des usagers du métro est passé de 84%, en 2012, à 77% en 2013.»

Sur le réseau d'autobus, le taux de satisfaction des clients a aussi fléchi, de 82% à 79%, en 2013. Les usagers ont aussi jugé plus sévèrement la ponctualité et la propreté intérieure des bus. Leur taux de satisfaction sur ces aspects du service est tombé de trois points pour s'établir à 80% et 71%, respectivement.