Après une journée forte en rebondissements, Christian Pépin a finalement été condamné cet après-midi à la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle avant 25 ans pour les meurtres prémédités de sa mère et de sa grand-mère. «Je vous souhaite une amorce de guérison», a conclu le juge Marc David, alors que l'accusé quittait la cour en vociférant contre les pédophiles.

Ce matin, ce scénario semblait toutefois bien improbable, puisque Christian Pépin avait demandé à la cour de retirer son plaidoyer de culpabilité prononcé jeudi dernier. L'homme de 35 ans voulait « cacher » les « cochonneries » de son enfance en plaidant coupable. Or, il a finalement retiré sa demande ce midi.

 « Ça fait six fois que je viens ici, j'aurais dû écouter [mon avocat] avant. Je sais que j'ai fait un geste dégueulasse, je ne dis pas le contraire. On m'abuse depuis l'âge de neuf ans, personne sait ça... », a rugi Christian Pépin ce matin, dans le box des accusés.

« Écoutez-moi ! Écoutez-moi !, a tonné le juge Marc David. Je ne permettrai pas que l'audience aujourd'hui dérape... Je ne veux pas d'engueulades, je ne veux pas de cris, si vous avez des propos calmes, faites-les. Mais ne vous emportez pas ! Parce que je termine l'audience tout de suite. »

Néanmoins, Christian Pépin a créé la commotion dans la salle d'audience quelques minutes plus tard en dévoilant un secret de famille. Tétanisée, une femme peinait à retenir ses larmes. « Vous voyez quel genre de secret je garde ! J'ai pas sauté une coche pour rien », s'est justifié l'accusé.

« Vous êtes une personne qui souffre énormément. Et vous êtes une personne qui cause beaucoup de souffrances à d'autres », a répliqué le juge pour clore l'audience. 

Jeudi dernier, Christian Pépin avait explosé en salle de cour, menaçant carrément de mort des membres de sa famille dans la salle. D'ailleurs, des accusations criminelles pourraient être portées à ce sujet, a révélé ce matin la procureure de la Couronne, Me Anne-Andrée Charrette. 

Comme il est rarissime qu'un homme accusé de meurtre prémédité plaide coupable à l'accusation la plus grave au Code criminel, le juge David a insisté jeudi dernier pour s'assurer que la validité du plaidoyer de Christian Pépin. Le juge a d'ailleurs rappelé sa démarche à l'avocat de l'accusé Me Tom Pentefountas.

« L'exercice qui a eu lieu jeudi a été un exercice exhaustif avec toutes les vérifications conformes à l'état du droit. Je vous écouterai [Me Pentefountas], mais vous devez comprendre que j'ai entériné les plaidoyers de culpabilité et que j'ai pris beaucoup de peine, j'ai offert des pauses, j'ai fait des vérifications auprès des procureurs. M. Pépin a fait beaucoup de déclarations à la cour sur son désir de plaider coupable », a dit le juge.

Jeudi, Christian Pépin a reconnu avoir poignardé sa mère Diane Champagne, 55 ans, et sa grand-mère, Paulette Robidoux, qui souffrait d'Alzheimer, le 3 décembre dernier, à Montréal. Quelques heures plus tôt, sa mère, avec qui il habitait, l'avait rabroué pour avoir refusé de faire le sapin de Noël familial. Il sortait d'une peine d'environ 10 ans de pénitencier. 

Christian Pépin a commis dans le passé de nombreuses agressions violentes sur des inconnus, et même sur des détenus, révèle une décision de 2016 de la Commission des libérations conditionnelles du Canada (CLCC). Il avait écopé de plus de deux ans de pénitencier pour avoir volé, puis frappé au visage un inconnu dans un parc en novembre 2013. 

« La Commission est d'avis que vous avez démontré une propension à la violence en faisant usage de la violence envers des connaissances, étrangers, et personnes en position d'autorité, cela dans la communauté et en milieu carcéral. Vous avez fait usage d'armes tel qu'un fusil, un couteau, un liquide, vos poings et vos pieds en commettant des actes de violence », explique-t-on dans cette décision portant sur une libération d'office en avril 2016.