Une femme de 85 ans en perte d'autonomie est morte en octobre 2013 trois jours après avoir fait une mauvaise chute dans un CSHLD. Or, même si la patiente vomissait régulièrement, la seule infirmière de l'unité n'a jamais évalué son état de santé. Pour avoir ainsi « négligé ses devoirs d'infirmière », Renée Forget a été radiée pour une période de six mois de son ordre professionnel.

Cette femme atteinte de la maladie de Parkinson est tombée de son lit, le soir du 2 octobre 2013, dans un CHSLD de Laval. La patiente, dont le nom est protégé par une ordonnance de non-publication, n'avait aucune blessure apparente, selon les préposés. Toutefois, dès le lendemain matin, l'infirmière auxiliaire a noté des hématomes sur le corps de la femme et du sang sur sa bouche.

Malgré cette observation et les vomissements répétés de la patiente au cours de la journée, l'infirmière d'expérience Renée Forget n'a pas contacté le médecin et la famille de la patiente et a simplement donné un médicament antidouleur à la patiente qui gémissait. Mme Forget était la seule infirmière de l'unité de 34 résidants.

« Tout au long de son quart de travail, l'intimée ne prend pas les signes vitaux de la cliente, ne vérifie pas les signes neurologiques et n'évalue aucunement sa condition de santé. Pourtant, vers 14h00, la cliente vomit à nouveau par la bouche et le nez », indique la décision du 11 avril dernier rendue par le conseil de discipline de l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec.

Dans la nuit suivante, l'état de santé de la patiente de 85 ans s'est détérioré, sa respiration devenant difficile. Néanmoins, le lendemain matin, l'infirmière Renée Forget n'a pas signalé au médecin, au téléphone, la chute de la patiente deux jours plus tôt. Le 5 octobre, la patiente est morte en raison de thrombo-embolies pulmonaires causées par un traumatisme subi lors de la chute. Le coroner a d'ailleurs soulevé dans son rapport le « manque de soins apportés par le personnel infirmier causé par une absence de diagnostic de la condition de la cliente ».

Plusieurs facteurs aggravants

Le conseil de discipline de Renée Forget soulève plusieurs facteurs aggravants dans le comportement de l'infirmière, notamment ses 17 années d'expérience en CHSLD. «  [Elle] a fait preuve de négligence en ne procédant pas à l'évaluation requise par l'état de santé de la cliente. [...] Elle n'assure pas la surveillance clinique et le suivi requis par l'état de santé de la cliente, puisque le 3 octobre 2013, elle ne contacte pas le médecin ni la famille de la cliente », écrit le conseil de discipline.

Le risque de récidive de l'infirmière est toutefois jugé faible par le conseil. De plus, celle-ci a plaidé coupable à l'infraction et a reconnu sa faute. Elle n'a également aucun antécédent disciplinaire.