(Québec) Les observations sur la peine ont commencé lundi au palais de justice de Québec dans le procès de deux anciens joueurs des Tigres de Victoriaville reconnus coupables d’agression sexuelle. Ces jours d’audience seront déterminants, puisque la Couronne et la défense ne s’entendent pas sur la peine à infliger aux deux hommes.

La victime n’a pas témoigné lundi matin, mais a fourni une déclaration au tribunal, dans laquelle elle dit « être tombée dans un piège » mis en place par Nicolas Daigle et Massimo Siciliano.

« Il y a un peu plus de deux ans, j’avais 17 ans, j’étais vulnérable, la sardine idéale pour leur filet à poisson », écrit la jeune femme en se remémorant l’agression survenue en juin 2021 dans les heures ayant suivi la victoire des Tigres en finale de la Coupe du président.

Celle qui était alors employée de l’hôtel accepte de rejoindre Daigle dans sa chambre, mais indique clairement qu’elle ne veut pas de « trip à trois ». Finalement, Siciliano est sur place. La victime « fait ce qu’on lui demande, mais n’a aucun plaisir et ne donne aucun accord verbal », selon l’exposé des faits.

Même si la jeune femme refuse clairement d’être filmée, Daigle décide de la filmer à son insu alors qu’elle a une relation sexuelle avec Siciliano. Nicolas Daigle va ensuite rejoindre d’autres joueurs qui font la fête à l’hôtel afin de leur montrer la vidéo.

« Pendant longtemps, j’ai pensé que c’était à moi de ne pas me retrouver là, à culpabiliser, à démentir la gravité de l’évènement », écrit la victime, dont l’identité est protégée par le tribunal.

« Maintenant, grâce à la justice, je suis convaincue plus que jamais que ce que j’ai vécu n’aurait jamais dû se produire, que ce n’est pas de ma faute, que j’ai été victime d’agression sexuelle. »

La jeune femme dit avoir vécu plusieurs séquelles de l’agression, notamment des retards dans son parcours scolaire ou encore un inconfort lors de relations sexuelles. « Un malaise profond m’envahissait à la vue d’une patinoire », ajoute-t-elle.

Elle remercie par ailleurs ses parents qui l’ont convaincue d’aller porter plainte à la police et invite les victimes à dénoncer « malgré tout ce que ça comporte ».

Une carrière de hockeyeur détruite

Plus tard en matinée, les avocats de Nicolas Daigle ont cherché à peindre le portrait d’un jeune homme « bienveillant » et impliqué dans la communauté, qui regrette amèrement ses gestes.

« Je veux m’excuser. Je vis avec énormément de regret, de honte », a indiqué Daigle en lisant une lettre qu’il a rédigée à l’intention de la victime. « La victime disait qu’elle pensait que c’était entièrement de sa faute. J’aimerais la rassurer, c’est de ma faute. »

Daigle, 21 ans, a plaidé coupable en octobre dernier à des chefs d’accusation d’agression sexuelle, d’avoir produit un enregistrement vidéo à l’insu de la victime et d’avoir montré les images.

Ses gestes ont fait dérailler sa carrière de hockeyeur. La LHJMQ l’a suspendu après le dépôt des accusations en octobre 2021. Daigle, qui n’avait pas été choisi lors du repêchage de la LNH de juin 2021, avait toutefois été invité au camp des Ducks d’Anaheim. « Deux semaines avant le camp, ils m’ont contacté et m’ont dit que compte tenu des accusations contre moi, je ne pouvais pas participer », a-t-il expliqué au tribunal.

Les équipes universitaires ne voulaient pas de lui, pas plus que celles en Europe. Sa carrière de hockeyeur était terminée.

« Pour moi, ç’a été un rêve. Un rêve, ça ne s’efface pas. Par contre, si je suis réaliste, je sais que ce rêve-là est inatteignable à cause des gestes que j’ai commis, que je regrette et pour lesquels à ce jour j’ai honte », a dit Daigle.

Dans une lettre, la mère de Daigle a indiqué que son « fils était une fierté locale et du jour au lendemain, par sa faute, il devient un monstre ».

Les observations sur la peine se poursuivront mardi avec le témoignage d’une experte de la défense qui a évalué Daigle. Suivra l’avocat de Siciliano et les plaidoiries.