(Longueuil) Le comédien Goûchy Boy mérite deux ans d’incarcération pour avoir agressé sexuellement une femme qu’il a traitée comme son « objet sexuel », selon la Couronne. De la prison à domicile est bien suffisante, plaide la défense, en insistant sur la perte de contrats de l’artiste. La victime, elle, est marquée à vie.

« Sous le choc, terrorisée, dans l’incompréhension et me sentant menacée, je suis tombé dans l’emprise de mon agresseur, je suis devenue sa marionnette », raconte la victime, dans une lettre lue à la cour lundi, au palais de justice de Longueuil, lors des observations sur la peine de « Goûchy Boy ».

De son vrai nom Ugochukwu Chijoke Onyechekwa, le comédien de 52 ans a été reconnu coupable l’an dernier d’une agression sexuelle survenue en 2018 dans un motel de Brossard. Il a porté le verdict en appel.

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Le comédien Goûchy Boy est surtout connu pour son rôle de gardien de prison dans la série Unité 9.

Goûchy Boy est surtout connu pour son rôle de gardien de prison dans la série Unité 9. Il a aussi joué des scènes aux côtés des vedettes hollywoodiennes Paul Walker, Robert Pattinson, Steven Seagal et Jon Voight.

Le colosse de 6 pi 5 po, qui se déplace maintenant en marchettes, a fait vivre une nuit d’enfer à sa victime. Il avait développé une relation avec cette femme rencontrée sur un plateau de tournage. Une ordonnance de la cour protège l’identité de celle-ci.

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Goûchy Boy se déplace maintenant en marchettes en raison de problèmes de santé.

Un soir, après une dispute avec l’accusé, la femme est en larmes et en « petite boule » dans la chambre. Elle a peur. Faisant fi de son état et de ses pleurs, Ugochukwu Chijoke Onyechekwa décrète vouloir une relation sexuelle. Les fesses de la victime lui appartiennent, disait-il.

La procureure de la Couronne MTiziana Daniele souligne le caractère « particulièrement odieux » de l’agression commise dans un contexte de violence psychologique et d’abus de confiance.

« Elle ressent de la douleur, l’accusé va en faire fi. Elle pleure durant cette relation. L’accusé fait preuve d’un mépris total pour la volonté de la victime, va la traiter comme un objet qui l’appartient, et qui sert à assouvir ses besoins sexuels », a plaidé MDaniele.

La Couronne réclame une peine de deux ans de détention ferme, suivi d’une probation de trois ans.

Dans une lettre lue en cour, la victime détaille les nombreuses séquelles laissées par l’agression : choc post-traumatique sévère, hypervigilance, humiliation, etc. Elle ajoute vivre dans la « honte » depuis l’agression, puisqu’elle doit cacher son histoire auprès de ses collègues.

La défense réclame 20 mois de prison dans la collectivité. Une peine plus sévère n’est pas nécessaire, puisqu’il s’agit d’une seule agression sexuelle, sans récidive, a fait valoir l’avocate de la défense MKristina Markovic.

Selon la criminaliste, il faut considérer l’impact de la médiatisation de l’affaire sur la carrière de l’accusé. Celui-ci a perdu tous ses contrats du jour au lendemain lors de son arrestation. Or, pour la Couronne, il n’y a pas eu de couverture « abusive » des médias.

Le juge rendra sa décision en mai prochain.

Ugochukwu Chijoke Onyechekwa fait par ailleurs face à une accusation d’agression sexuelle dans un autre dossier.