La police de Saguenay a bâclé son enquête afin d'épingler Jonathan Roy et son père Patrick.

Telle est la thèse soutenue par Steve Magnan, l'avocat de l'ancien gardien de but des Remparts de Québec, Jonathan Roy, accusé de voies de fait sur un joueur des Saguenéens de Chicoutimi.

Dans sa requête pour arrêt des procédures, au Palais de Justice de Saguenay, Me Magnan a passé à la moulinette l'enquête dirigée par Larry Boudreault de la police de Saguenay.

Devant le juge Valmont Beaulieu, de la Cour du Québec, Me Magnan a tenté de démontrer que les enquêteurs de Saguenay n'ont porté leur attention que sur Jonathan Roy et son père entraîneur et ancienne gloire de la Ligue nationale, Patrick Roy.

Or, plusieurs joueurs des deux équipes avaient été impliqués dans des échanges de coups violents, le 23 mars 2008, en pleine fièvre des séries éliminatoires de la Ligue de hockey junior majeur du Québec, au Centre George-Vézina, de Saguenay.

Ce soir-là, lors d'une mêlée générale, Jonathan Roy s'était rué sur le gardien adverse, Bobby Nadeau, le frappant à plusieurs reprises à la tête sans que celui n'engage le combat.

Les images de l'agression avaient fait le tour de l'Amérique.

Images vidéo à l'appui, Me Magnan a fait remarquer qu'un autre joueur passif et étendu sur la patinoire, Antoine Roussel des Saguenéens, avait été rossé d'au moins dix coups à la tête par Maxime Lacroix des Remparts, sans que cela n'attire le moindrement l'attention des policiers.

«Considérez-vous que Roussel consentait à la bagarre?», a demandé Me Magnan à l'enquêteur Boudreault, sans obtenir de réponse.

La police saguenéenne a rencontré une dizaine de spectateurs après les faits pour connaître leur version des événements. Tous les témoins étaient des détenteurs de billets de saison et occupaient les places situées à l'arrière de l'entraîneur Patrick Roy.

«Avez-vous essayé de rencontrer des gens qui n'étaient pas des détenteurs de billets de saison?» a lancé Me Magnan à M. Boudreault, mettant clairement en doute la neutralité de l'enquête.

Peut-être que certains de ces témoins les plus partisans voulaient «écoeurer» Patrick Roy, a poursuivi l'avocat.

Même s'il savait depuis le tout début de son enquête que Bobby Nadeau n'avait pas été blessé lors de la ruade de Roy, l'enquêteur en charge a beaucoup insisté au fil des semaines auprès du jeune gardien.

Le 23 juillet, quelques jours avant le dépôt de l'accusation, Larry Boudreault a appelé Bobby Nadeau pour lui demander s'il était «sûr» de ne pas avoir subi de blessures.

Ce détail est capital dans cette cause. Sans lésions corporelles, il était n'était pas possible à cette date de porter des accusations contre un joueur de hockey en vertu de la directive en vigueur.

Tout a basculé le 28 juillet lorsque le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) a modifié sa directive pour éliminer la restriction sur les blessures. Trois jours plus tard, quatre mois après les événements, Jonathan Roy était accusé de voies de fait.

Me Magnan réclame l'arrêt des procédures contre son client, faisant valoir que la directive a été modifiée dans le but d'accuser spécifiquement - et rétroactivement - l'ex-gardien devenu chanteur.

En matinée, Bobby Nadeau est venu à la barre pour raconter sa version des faits. Le jeune homme de 21 ans a répété qu'il n'avait pas été blessé lors de l'incident si ce n'est d'une «prune» sur la tête. Il a relaté qu'il n'avait pas voulu engager le combat contre Jonathan Roy afin d'éviter une suspension et ainsi protéger «sa visibilité» pendant le tournoi éliminatoire.

L'audience se poursuivra mardi. Le juge Beaulieu a déjà fait savoir qu'il rendra sa décision sur la requête de la défense le 8 septembre.