Sylvain Ricard, le chef pompier qui avait percuté un autobus en se rendant en pleine nuit sur les lieux d'un incendie à Ahuntsic, en 2014, n'aura pas à subir de procès. Le ministère public a réduit l'accusation, si bien que M. Ricard a plaidé coupable, lundi, à une conduite dangereuse en vertu du Code de la sécurité routière.

Au départ, M. Ricard avait été accusé de conduite dangereuse ayant causé des blessures au chauffeur d'autobus, une accusation criminelle beaucoup plus grave. L'homme de 54 ans a subi son enquête préliminaire en 2016. Il avait choisi un procès devant jury qui devait se tenir en mai prochain. Mais des discussions entre son avocat, Me Stephen Angers, et le procureur de la Couronne François Allard, ont amené un dénouement différent et plus rapide. Dans une déclaration sous serment enregistrée ces derniers jours, M. Ricard a raconté les faits, dit qu'il n'avait eu aucune intention criminelle, mais a admis qu'il avait omis de considérer certains aspects, qui ont rendu sa conduite imprudente, selon le Code de la sécurité routière. Il a été acquitté de l'accusation criminelle, mais a écopé d'une amende de plus de 3000 $ pour avoir contrevenu au Code de la sécurité routière.

Incendie criminel à La Cantina

Les faits sont survenus la nuit du 3 décembre 2014. M. Ricard était chef aux opérations à la caserne 73, à Saint-Laurent. Vers une heure, il dit avoir reçu un appel d'urgence pour incendie majeur, code rouge, avec un pompier blessé, au restaurant La Cantina, 9090 boulevard Saint-Laurent. L'établissement était la cible d'un second incendie criminel en deux semaines.

M. Ricard a pris le volant d'un véhicule prioritaire du Service des incendies de la Ville de Montréal, un Ford Explorer, pour s'y rendre, avec sirène et gyrophares. Il circulait à 78 km/h, sur la rue Sauvé, direction est, sur une chaussée glissante. Après un viaduc, à l'intersection de la rue Meilleur, il est entré en collision avec un autobus de la STM qui roulait sur Meilleur, au feu vert. 

M. Ricard affirme qu'il a perdu de vue le feu de circulation, et n'a pas vu si quelqu'un venait sur la rue Meilleur, du sud vers le nord, occupé qu'il était à répondre à l'appel avec les appareils de communication à bord.

Le chauffeur d'autobus, François Perreault, a subi une commotion cérébrale, ainsi que des contusions aux épaules et aux membres. Sa vie n'a jamais été en danger.

Une première

Alors qu'on fermait le dossier devant la juge de la Cour supérieure Johanne Saint-Gelais, lundi, M. Ricard paraissait fort soulagé. Il a signalé que c'était une première expérience pour lui, et qu'il pourrait en « faire profiter » ses confrères.

« C'est une longue aventure qui se termine, qui fait que justice a été faite », a fait valoir Me Angers.  

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Première fois pour les pompiers


Au Service de sécurité incendies de Montréal, on signale que c'est la première fois qu'un pompier a été accusé en lien avec un accident. L'historique ne permettait toutefois de remonter que jusqu'à 2002. C'est cette là que les 22 services de l'île de Montréal ont été intégrés en un seul. 

• Selon les statistiques de 2015 du Service des incendies : sur 241 00 déplacements d'urgence, on a répertorié 74 accidents.

• En mode d'urgence, un conducteur du Service des incendies peut se prévaloir de l'article 378 du Code de la sécurité routière. 

• L'article 378 exempte le véhicule d'urgence de respecter la signalisation routière, et lui permet d'excéder les limites permises et effectuer des dépassements qui seraient autrement interdits. Ceci est possible seulement quand l'équipe répond à une intervention, selon les renseignements obtenus auprès de Mélanie Drouin, chargée de communications à la Ville de Montréal.