Même s'il n'est pas considéré comme indigent par l'aide juridique, Richard Henri Bain sera représenté par un avocat payé par l'État, a tranché le juge de la Cour supérieure, Guy Cournoyer, mercredi, à Montréal.

L'homme de 63 ans, accusé de l'attentat mortel du Metropolis, sera appelé à rembourser, ce qu'il avait lui-même proposé de faire. Car M. Bain n'est pas sans moyens. Chaque mois, il reçoit 3300$ par mois en revenus de retraite. Mais voilà, même en consacrant tous ses revenus à ses frais juridiques, il serait incapable de payer à temps et suffisamment pour avoir un procès qui pourrait commencer en janvier prochain. Et étant détenu, il ne peut améliorer sa situation aussi facilement. Il est propriétaire d'une maison dans les Laurentides, mais il n'y a pas une banque qui voudrait lui accorder une hypothèque, d'autant plus que sa maison n'est plus assurée, a relevé le juge.

Fournir un avocat à M. Bain est dans l'intérêt de la société et de la justice, autant que dans celui de l'accusé, estime le juge Cournoyer. M. Bain fait face de nombreuses accusations, incluant meurtre prémédité et tentatives de meurtre. C'est une affaire complexe qui amènera bien des questions de droit. De plus le procès se déroulera devant un jury, ce qui rend l'exercice périlleux quand l'accusé n'est pas représenté.

C'est Me Jean-Marc Tremblay qui a représenté M. Bain ces derniers temps, et qui devrait continuer à le faire. Le juge a demandé à Me Tremblay et au procureur de l'État de se rencontrer pour négocier des arrangements raisonnables pour les deux parties. Celles-ci reviendront devant le juge le 23 mai pour faire part de l'avancement de leurs discussions. 

Après le jugement, M. Bain a tenu à s'adresser au juge. «Je suis en prison depuis un an et demi. Ma cause n'est pas ma cause, c'est celle de 32 millions de Canadiens qui sont contre la séparation du Québec... Si vous aviez vécu ce que j'ai vécu pendant 40 ans, c'est de la discrimination raciale. Je suis le n... blanc du Québec», a-t-il dit avant de se lancer dans un laïus sur la situation des Noirs dans les années 1950. 

«Je ne suis pas le juge de l'histoire», l'a interrompu le juge. 

«Je le suis», a rétorqué M. Bain.

Rappelons que les faits reprochés à M. Bain se sont produits le 4 septembre 2012, alors que le Parti Québécois célébrait sa victoire et l'élection de Pauline Marois au Metropolis.