C'est l'anniversaire de naissance de Sami Mesref aujourd'hui. Il aurait eu 8 ans. Mais son père l'a enterré hier. Il a été tué dans un accident de la route à Sainte-Anne-des-Plaines, dimanche. Sa mère et son grand frère ont survécu, mais pas lui.

Hamida Mesref se tenait droit, hier, dans la petite chambre de l'hôpital Sainte-Justine où se trouve son fils Rayan, 8 ans. Il envisageait déjà de pardonner celui qui lui a enlevé son Sami.

Jusqu'à ce qu'il apprenne par La Presse que celui qui aurait happé mortellement son fils aurait été ivre ou drogué derrière le volant.

Près de son fils «survivant» endormi, M. Mesref s'est écroulé. «Ils ont trouvé sa chaussure sur l'asphalte», a-t-il lancé en éclatant en sanglots. Il a cherché la chaise la plus proche, a enfoui sa tête dans ses mains, a lancé un regard égaré. Le père de famille a soudainement craqué.

Il a pleuré en apprenant que Simon Cayouette Paradis, 22 ans, a été accusé lundi de conduite avec facultés affaiblies ayant causé la mort et de conduite dangereuse au palais de justice de Saint-Jérôme. Hamida Mesref a arrêté de croire à un mauvais hasard, à ce terrible concours de circonstances dont il avait été informé dimanche soir en revenant de l'épicerie.

«Si c'est un simple accident, c'est sûr que c'est hors de son contrôle, je lui pardonne. Mais si c'était prémédité, s'il avait pris de l'alcool, j'espère qu'il va payer pour ça. C'était évitable, j'espère qu'il va payer», a-t-il répété doucement, sans lever la voix.

Un pilier

M. Mesref est le pilier de la famille. Il visite sa femme, Nellia Aguiar, qui est hospitalisée au CSSS de Saint-Jérôme avec une «cheville en miettes». Il veille aussi sur son fils Rayan, qui a subi une fracture cervicale et s'est cassé la cheville. C'est le père de famille qui a dû annoncer à sa conjointe, puis à son aîné, que contrairement à eux, Sami n'avait pas survécu à l'accident de voiture. Hamida Mesref a dû expliquer qu'il a senti le coeur de son petit garçon s'arrêter alors qu'il le tenait dans ses bras.

«Il a pleuré, il m'a serré, il ne pouvait pas me lâcher, il a tellement pleuré», a-t-il dit à propos de la réaction de Rayan, qui a perdu un petit frère et un ami. Sa femme, elle, pleurait «tellement» qu'il a dû sortir de sa chambre d'hôpital. «C'est sa soeur et son frère qui l'ont calmée», a-t-il ajouté.

«Quand on a eu Sami, on se disait: ils vont jouer ensemble, ne pas s'ennuyer», s'est-il rappelé. «Ce n'était pas pour longtemps...», a-t-il ajouté, comme pour se ramener à la réalité. Rayan aime les figurines, les «petits bonshommes». Sami, lui, adorait les voitures. «Et il est mort dans une voiture. C'est bizarre», a laissé tomber le père, qui a dû se rendre seul à l'enterrement de son fils dans une mosquée du chemin Laval, à Saint-Laurent.

Mise en liberté

Simon Cayouette Paradis a été libéré lundi, moyennant une caution de 5000$. «Compte tenu des garanties offertes pour le respect des conditions, nous avons consenti à la remise en liberté de l'accusé dans l'attente de son procès», a indiqué Jean-Pascal Boucher, porte-parole du directeur des poursuites criminelles et pénales.

Au domicile de l'accusé, à Boisbriand, une femme a refusé de répondre aux questions de La Presse. «Ça fait l'objet d'une enquête et c'est tout, a-t-elle dit au bout du fil. On ne fera aucun commentaire.»

La cour a imposé un couvre-feu à Simon Cayouette Paradis, qui ne peut pas conduire de véhicule à moteur ni consommer de stupéfiants ou d'alcool. Il doit être de retour devant le tribunal le 14 octobre.

À cette date, le plâtre qui entoure la cheville du petit Rayan devrait avoir été retiré.