Les enquêteurs de la Section des crimes majeurs de la police de Montréal détiennent depuis huit ans une «preuve physique sans équivoque» qui permettra dans un avenir que les policiers souhaitent proche d'identifier et d'arrêter le tueur de Catherine Daviau, une femme de 26 ans assassinée dans son logement du quartier Rosemont en décembre 2008.

La jeune femme, qui a été retrouvée morte ligotée dans son lit, aurait été agressée physiquement avant que le tueur tente d'effacer les traces de son crime en allumant un incendie dans le logement.

«Mais le suspect n'a pas réussi à effacer toutes les traces. Nous avons trouvé des indices clairs qui nous laissent croire que nous serons capables de l'identifier et de l'arrêter. Cette preuve est sans équivoque et, un jour, il va faire une erreur, et on va le trouver», promet le commandant de la Section des crimes majeurs du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), Vincent Rozon.

L'officier indique qu'il est question d'empreintes digitales ou génétiques, mais il refuse de dire lesquelles ou s'il s'agit des deux. Il affirme toutefois que les indices démontrent que le suspect est un homme et permettront assurément de l'identifier.

«Le suspect ne peut changer cette preuve physique, que ce soit des empreintes ou son ADN. Il ne manque qu'une pièce du casse-tête, c'est son identité. On va le trouver. Je lui suggère même de prendre un avocat et de se livrer», affirme le commandant Rozon.

Les indices découverts ont été comparés dans toutes les banques de données disponibles, en vain. Du moins pour le moment. Malgré ces résultats, le commandant Rozon ne serait pas surpris que le suspect ait commis d'autres crimes. «C'est rare que tu commences ta vie criminelle avec un crime aussi odieux», dit-il.

L'officier ne veut pas dire si le meurtrier a planifié son crime ou s'il a été commis de façon spontanée. Le SPVM n'est plus aussi affirmatif sur le fait que la jeune femme aurait été agressée sexuellement. Une chose est sûre, la victime a été maltraitée avant d'être tuée. Il refuse de dire comment elle est morte; l'incendie a-t-il causé la mort ou a-t-il été allumé après? Ces informations que la police ne veut pas révéler sont retenues intentionnellement pour confronter et évaluer un éventuel suspect.

Victime observée

Tous les jours de la semaine, Catherine Daviau avait la même routine. Elle quittait son logement de la 5e Avenue - près de la rue Masson - le matin et revenait en fin d'après-midi. Le crime aurait été commis entre 18h et 19h. La police n'exclut pas qu'elle ait été observée par le tueur et que ce dernier ait été au courant de ses habitudes. Aucune trace d'entrée avec effraction n'aurait été décelée, selon des articles de l'époque.

Depuis 2008, les enquêteurs ont traité plus d'une centaine d'informations. Tous les hommes qui gravitaient, de près ou de loin, dans l'entourage de la jeune femme ont été interrogés par les enquêteurs.

Il y a quelques années, certaines informations ont circulé voulant que Catherine Daviau ait pu être victime d'un prédateur américain de passage à Montréal, mais cette hypothèse aurait été écartée.

Les cas de meurtres sordides de femmes sont rares à Montréal, et les enquêteurs sont déterminés à trouver le coupable. Après huit ans, des langues se délieront peut-être. Le tueur s'est peut-être confié à quelqu'un ou échappé devant quelqu'un. Le commandant Rozon espère même juste un nom donné lors d'un appel anonyme. Ses enquêteurs feront le reste. Il invite toute personne qui aurait une information permettant d'arrêter le meurtrier à appeler Info-Crime au 514 393-1133. Une prime de 5000 $ a déjà été offerte pour retrouver l'assassin.

Un tueur en liberté

«C'est encourageant. Après huit ans, on craint que cela tombe dans l'oubli. Mais on apprend que les enquêteurs ont une piste», affirme Geneviève, la soeur de Catherine Daviau.

«Cela nous donne espoir qu'ils vont finir par trouver qui a fait ça», poursuit-elle.

Geneviève Daviau avait 23 ans lorsque sa soeur, de trois ans son aînée, a été tuée. Aujourd'hui, Geneviève, qui est infirmière, a 31 ans et est mère de trois enfants. Elle espère que la sortie médiatique du commandant Rozon incitera une personne à prendre quelques secondes au téléphone pour que le meurtrier soit arrêté et que sa famille puisse avoir des réponses.

«Il y a quelqu'un qui a commis un crime. C'est un secret qui est enterré, et il vit peut-être comme si de rien n'était.»

«Mais moi, ma vie ne sera plus jamais pareille. Ma famille n'est plus pareille. Noël n'est pas pareil. Mes enfants ne connaîtront jamais leur tante», reprend-elle.

«Arrêter le tueur, cela ne réparera pas ce qui a été fait, cela n'enlèvera pas la douleur, mais cela amènera la certitude que quelqu'un va payer pour ce qu'il a fait et qu'il ne recommencera plus. Il ne mérite pas de continuer sa vie comme si de rien n'était. Justice doit être rendue», a déclaré Geneviève Daviau à La Presse.

***

Pour joindre Daniel Renaud, composez 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l'adresse postale de La Presse.

PHOTO FOURNIE PAR LA FAMILLE

Catherine Daviau