La sécurité de «plusieurs bars» de la couronne nord de Montréal était contrôlée jusqu'à récemment par un individu considéré comme «directement impliqué dans le milieu du crime organisé» par la police, révèle une décision de justice rendue plus tôt cette année.

L'homme en question, Kevin Way, est soupçonné d'avoir coordonné les portiers qu'il plaçait afin de permettre à des individus louches de filer à l'anglaise lors de tournées policières dans les établissements.

Les autorités le décrivent comme un individu «violent» dont le monde «gravite autour notamment des groupes de motards criminalisés et de la mafia». Il dit faire l'objet d'acharnement de la part de la police.

Permis refusé

«Depuis plusieurs années et de manière répétitive, M. Way entretient des liens avec le crime organisé», a écrit le Tribunal administratif du Québec (TAQ), en janvier, en lui refusant un permis d'agence de sécurité. «Il loue les établissements des membres d'une famille liée à la mafia et il s'associe avec eux. Il ne peut prétendre d'une manière crédible ignorer ses liens.»

Depuis 2010, les agents de sécurité et les agences qui les emploient ont besoin d'un permis délivré par le Bureau de la sécurité privée (BSP) pour travailler. L'organisme a jugé que Kevin Way n'a pas les «bonnes moeurs» nécessaires pour oeuvrer dans ce secteur et a refusé de délivrer un permis à son entreprise de placement, Gestion KW. Le TAQ vient de confirmer cette décision: donner raison à l'individu «serait contraire à l'intérêt public et minerait la confiance du public», ont écrit les juges.

M. Way aurait exercé ses activités de placement de portiers de 2000 à 2013. La décision rapporte qu'après le feu vert des autorités - qu'il n'a finalement pas obtenu -, l'homme d'affaires voulait «élargir son marché», notamment en assumant la sécurité de concessionnaires automobiles.

Acharnement?

Devant le TAQ, Kevin Way a fait valoir que les services policiers de la couronne nord «font une opposition systématique» lorsqu'il demande des permis. Les policiers «s'acharnent» sur lui, a-t-il plaidé. M. Way n'a pas répondu à l'offre d'entrevue transmise par La Presse à son avocat.

La décision du TAQ précise que lui et son entreprise ont notamment géré la sécurité des bars La Commission des liqueurs («un établissement problématique») et Aqua, de Boisbriand. Le gérant du premier n'a pas rappelé La Presse alors que le second est actuellement fermé.

Une liste de bars où M. Way a géré la sécurité a été fournie au TAQ, mais elle n'a pas été rendue publique. La police de Laval n'a pas voulu en préciser la teneur.