Pour « pousser les gouvernements » à en faire plus et « accentuer la pression », Montréal se joint au Traité de non-prolifération des combustibles fossiles, qui impose de cesser tout projet d’exploration et d’extraction de pétrole, de gaz et de charbon.

« Ici, on n’exploite pas, on n’a pas de site d’exploitation. Cela étant dit, c’est un geste symbolique, mais important auquel j’espère que toutes les villes du Québec et du Canada se joindront pour envoyer un message très clair au gouvernement fédéral, comme quoi on ne veut pas de nouvelles sources d’énergie fossile. On aimerait que les autres provinces, le pays, puissent adhérer à ce traité », a martelé la mairesse Valérie Plante lors d’une conférence de presse, lundi.

Mme Plante a déposé lundi au conseil municipal une motion d’appui au Traité de non-prolifération des combustibles fossiles, que l’ensemble des élus ont approuvé. Des villes comme Toronto, Vancouver, Sydney, Los Angeles, Paris, Amsterdam et Barcelone sont déjà membres du traité.

Ce traité, il envoie un message clair : il faut qu’on arrête maintenant de développer la combustion de combustibles fossiles. La science le dit : ce n’est pas une question de politique, c’est une question de gros bon sens.

Valérie Plante, mairesse de Montréal

En mars 2021, des centaines de scientifiques à travers le monde avaient signé le traité de non-prolifération des énergies fossiles, en pressant les leaders politiques de cesser l’extraction du pétrole, du gaz et du charbon, en entamant une « transition juste » pour l’industrie et ses travailleurs.

Bay du Nord, « contre-productif »

Si Québec a voté au début d’avril l’interdiction de toute nouvelle exploration pétrolière sur son territoire, Ottawa vient de son côté d’approuver Bay du Nord, un mégaprojet de 60 puits d’extraction pétrolière à Terre-Neuve. « C’est évident que ça va à l’encontre de tout ce qui est fait. Je fais tout ce que je peux, mais quand je vois un projet d’un autre palier qui vient nous faire reculer, oui, c’est contre-productif. De notre côté, on ne va pas lâcher », a fustigé Mme Plante à ce sujet.

Le tout survient alors que dans la métropole, un Sommet climat Montréal – surnommé la « COP montréalaise » –, doit avoir lieu le 3 mai. La Ville promet des actions supplémentaires et « concrètes » pour réduire les gaz à effet de serre (GES).

« On va établir notre plan de match pour réussir la transition écologique de Montréal », dit la responsable de l’environnement au comité exécutif, Marie-Andrée Mauger. Elle espère aussi voir les partenaires « annoncer des gestes importants » et de « nouvelles solutions » pour réduire leur empreinte écologique.

Mais d’emblée, rendre le transport collectif gratuit comme à Sainte-Julie ne sera pas possible, admet la mairesse. « On a un déficit structurel énorme et colossal. Moi, j’aime ce principe-là, mais je n’ai absolument pas la capacité comme ville toute seule de prendre ça sur mes épaules. Les endroits où ça a marché, la gratuité, c’était un choix de pays ou choix de province. […] Il faut qu’on y aille tout le monde ensemble », a-t-elle jugé.

Dans l’opposition, on déplore l’hypocrisie de l’administration Plante. « Oui, faisons des demandes aux autres paliers, mais gérons aussi les problèmes que nous avons en ce moment dans nos compétences ! Soyons aussi réalistes et amenons des solutions concrètes », a réagi la porte-parole en environnement d’Ensemble Montréal, Stéphanie Valenzuela. Son parti appelle la Ville à proposer des solutions pour « la crise du recyclage et la décontamination des sols », deux dossiers pour lesquels « il n’y a pas d’avancement ».

En savoir plus
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    Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a prévenu dans un rapport explosif, au début d’avril, que de limiter la hausse de la température mondiale à 1,5 °C est encore possible, mais seulement si les émissions mondiales de gaz à effet de serre plafonnent au plus tard en 2025.
    rapport du giec