Le refuge temporaire pour personnes itinérantes de l’organisme CARE Montréal déménage une nouvelle fois : après le Centre Pierre-Chabonneau et l’Auberge Royal Versailles, il sera relocalisé au sous-sol de l’église Sainte-Jeanne-d’Arc le 30 avril.

Le nouveau refuge situé sur la rue de Chambly, dans un quartier résidentiel près du parc Lalancette, dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve, pourra recevoir 70 personnes et sera ouvert en permanence pour les 12 prochains mois, a annoncé vendredi la Ville de Montréal.

Le refuge de 120 places de l’Auberge Royal Versailles, aménagé dans un hôtel de la rue Sherbrooke, près de la station de métro Radisson dans le quartier Longue-Pointe, avait suscité beaucoup de plaintes dans son voisinage. Une pétition comptant plus de 1000 noms avait été déposée au conseil d’arrondissement, en septembre dernier, pour dénoncer des problèmes de consommation de drogue, de saleté et des actes d’incivilité commis par certains utilisateurs du refuge, qui dérangeaient les citoyens du secteur.

Des patrouilles de médiation sociale avaient alors été implantées pour tenter de réduire les tensions et sensibiliser les résidents du refuge aux problèmes de cohabitation avec le reste de la population.

Pour le nouveau refuge de l’église Sainte-Jeanne-d’Arc, on promet de prendre toutes les mesures pour minimiser les problèmes dans le voisinage, mais on n’envisage pas une levée de boucliers aussi intense.

« Les gens d’Hochelaga-Maisonneuve sont beaucoup mieux éduqués à l’itinérance, ça fait 30 ans qu’on fait des interventions en itinérance dans le quartier, donc je ne crois pas qu’on aura les mêmes problématiques de cohabitation », avance Michel Monette, directeur général de CARE Montréal. « Mais on a des équipes d’intervenants qui ont déjà commencé à sillonner le quartier pour aviser la population qu’on s’en venait. »

« On travaille sur un plan d’action pour regarder de façon minutieuse comment favoriser la cohabitation sociale, on se penche notamment sur l’aménagement de l’espace public, la propreté et la communication », ajoute Josefina Blanco, responsable de l’inclusion sociale et de l’itinérance au comité exécutif de la Ville de Montréal.

Ce ne sont pas les plaintes des citoyens qui ont mené à la fermeture du refuge de l’Auberge Royal Versailles. C’est plutôt la décision de la direction de l’hôtel, qui souhaite reprendre ses activités, précise Mme Blanco.

Manque de places

« Nous cherchions, depuis quelques mois déjà, un lieu plus adéquat que l’Auberge Royal Versailles », explique Michel Monette.

Le fait que l’hôtel ne dispose pas de grands espaces communs obligeait par exemple les résidents à manger dans leurs chambres, ce qui rendait difficiles les interventions de l’organisme.

À l’église Sainte-Jeanne-d’Arc, des espaces communs seront aménagés, notamment une grande salle à manger. Les usagers seront cependant logés dans des cubicules ouverts plutôt que dans des chambres fermées avec salles de bains, comme à l’hôtel, ce qui offre évidemment moins d’intimité.

« On n’a pas le choix, on fait avec ce qu’on a, laisse tomber Michel Monette. C’est certain que la meilleure solution serait de leur trouver des appartements. »

Le nouveau refuge comporte 50 places de moins que l’ancien, ce qui est aussi un problème, déplore-t-il. « Il manque 300 places dans les refuges à Montréal pour l’été, alors c’est certain qu’on va retrouver des usagers dans l’espace public », prévient M. Monette.