Expansion du réseau de métro. Augmentation du nombre d'autobus en circulation. Mais pas de péage sur les ponts pour décourager les automobilistes d'entrer dans l'île. À l'heure où les Montréalais se plaignent de la congestion tant sur les routes que dans les transports en commun, Valérie Plante s'engage à faire des transports la priorité de son premier mandat si elle est élue le 5 novembre.

«Je vais être la mairesse de la mobilité. [...] Pour moi, la mobilité des Montréalais, c'est fondamental pour le développement économique, le développement social», a-t-elle déclaré en entrevue éditoriale à La Presse.

Ainsi, sa première décision si elle est élue mairesse sera de commander 300 autobus hybrides pour augmenter le niveau de service sur le réseau. «Ces quatre dernières années, il y a eu des coupures et ça a eu des impacts sur le nombre d'autobus sur nos routes. Si bien qu'aujourd'hui, on est en rattrapage», déplore-t-elle. La candidate trouve inadmissible de voir tant de gens ne pouvoir monter dans les autobus parce que ceux-ci sont pleins.

Ses premières rencontres avec ses homologues des autres ordres gouvernementaux seront également sur la question des transports en commun, cette fois pour convaincre Québec et Ottawa d'appuyer son projet de ligne rose de métro, entre Lachine et Montréal-Nord. «La fenêtre d'opportunité est là. Quand j'entends mon adversaire dire : "On fera la ligne bleue, puis on verra", ce n'est pas la bonne approche», estime-t-elle.

Espérant des fonds de la Banque de l'infrastructure du Canada, Valérie Plante ne ferme d'ailleurs pas la porte à un partenariat public-privé, comme le préconise cette agence fédérale, pour la réalisation de la ligne rose. «Tout est sur la table», assure-t-elle.

Pas de péage

Voulant rompre avec l'image anti-voiture qui colle à Projet Montréal, Valérie Plante prend ses distances de l'idée d'implanter des péages sur les ponts ceinturant l'île. «En ce moment, on ne peut pas penser à mettre du péage sur les ponts, dans la mesure où on n'a rien à offrir en échange. Le jour où on sera capables de dire aux Montréalais et aux gens en banlieue : "Voilà des options, des façons rapides, efficaces et confortables pour entrer dans l'île et en sortir", là, on pourra penser mettre un péage.»

Cette position tranche avec celles de ses deux prédécesseurs. En 2015, alors chef intérimaire de Projet Montréal, Luc Ferrandez prônait l'implantation de péages sur l'ensemble des ponts pour créer un cordon. Il s'inscrivait en droite ligne avec le fondateur du parti, Richard Bergeron, qui avait fait de cet enjeu un engagement électoral en 2013.

«Le principe [des péages] n'est pas mauvais, je ne le jette pas aux poubelles, mais en ce moment, ce n'est pas réaliste.»

L'aspirante mairesse se défend d'ailleurs de faire la guerre aux automobilistes, une image que certains conservent de Projet Montréal. «C'est Richard Bergeron qui n'aimait pas les autos», dit-elle au sujet du fondateur de Projet Montréal, qui a depuis grossi les rangs d'Équipe Coderre.

Si elle parle davantage de transports en commun que de voitures pour améliorer la mobilité, «c'est qu'on ne peut pas construire plus de routes à Montréal. Ce qu'il nous reste, c'est offrir plus de lignes de métro et d'autobus», résume-t-elle. Valérie Plante estime d'ailleurs que son projet de ligne rose, bien qu'entièrement situé dans l'île de Montréal, bénéficiera aussi aux gens de la banlieue. Elle croit notamment que les gens de la couronne nord pourront en profiter pour se rendre à Montréal-Nord pour avoir un accès direct au centre-ville.

«Mauvaises décisions » à la STM

L'enjeu de la mobilité occupant une telle importance pour elle, Valérie Plante entend s'assurer que le prochain dirigeant de la Société de transport de Montréal (STM) soit sur la même longueur d'onde qu'elle. «La personne à la tête de la STM doit prendre le transport en commun autant au sérieux que moi. Est-ce que cette personne partage les mêmes objectifs, la même vision? Et pour moi, c'est clair que, dans les dernières années, de mauvaises décisions ont été prises pour la STM.»

Cela dit, ce virage que Valérie Plante envisage n'entraînerait pas automatiquement l'éviction de Philippe Schnobb de la présidence de la STM, bien que celui-ci ait été nommé par son adversaire en 2013. Elle compte avoir une bonne discussion avec lui à son entrée au pouvoir. «Est-ce que c'est M. Coderre qui a imposé cela et a dit : "C'est comme ça que ça se passe"? Mon adversaire, c'est souvent lui qui décide et il faut marcher au pas, sinon ça ne marche pas. Ce n'est pas mon style de leadership, je ne sens pas le besoin d'imposer mes idées.»