Des restaurateurs ont perdu 40% de leur chiffre d'affaires. Des hôteliers connaissent une baisse de 25% dans leurs réservations. Les ventes de billets de certains festivals ont chuté de 50%. Une vingtaine de représentants de l'industrie touristique ont brossé hier un sombre portrait du conflit étudiant au ministre des Finances, Raymond Bachand, afin d'exhorter le gouvernement à négocier rapidement une sortie de crise.

«Nous avons signalé au ministre qu'on espérait que ces négociations durent le temps qu'elles auraient à durer, de garder la porte de sortie ouverte», a indiqué Michel Leblanc, président de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, instigateur de la rencontre.

Ventes de billets en chute

Le président du Festival Juste pour rire, Gilbert Rozon, en ressort «choqué» par l'impact économique du conflit étudiant. «C'est énorme», se désole-t-il. Les conséquences pourraient se faire sentir pendant des années, des congrès risquant d'être perdus en raison des manifestations quotidiennes touchant la métropole. «Vous vous imaginez bien que les autres villes appellent les congressistes pour leur dire de ne pas aller à Montréal», illustre M. Rozon.

Son festival aurait d'ailleurs enregistré depuis une semaine une baisse de moitié dans les ventes de billets. «Les gens des banlieues et les touristes nous appellent pour nous dire qu'ils veulent venir au festival, mais qu'ils attendent la résolution de la crise.»

Une solution négociée s'impose, poursuit M. Rozon. «On veut qu'ils s'enferment, qu'ils trouvent une solution, parce que c'est très néfaste pour l'économie montréalaise.»

Marge de manoeuvre

Encore faut-il que les leaders étudiants aient la marge de manoeuvre de leurs associations pour trouver un terrain d'entente, souligne le président de Juste pour rire. Celui-ci espère que la présente ronde de discussion ne mène pas au même échec que la dernière entente de principe.

Confiant qu'une entente est à portée de main, le maire Gérald Tremblay estime qu'il faut déjà penser à «l'après-crise parce qu'on espère que les négociations donnent des résultats concrets le plus rapidement possible».

Les participants à la rencontre ont en effet évoqué au ministre qu'il faudra trouver une façon de «renverser la perception négative à l'extérieur» que la crise a pu laisser.

Saison estivale menacée

Rencontrée hier matin, la ministre du Tourisme, Nicole Ménard, s'est dite encouragée par la reprise des négociations. «Il y a de l'espoir».

Elle s'est dite «consciente que le lancement de notre saison estivale se fait dans un contexte très particulier. Certains craignent que le conflit étudiant nuise à la saison estivale, à la saison touristique, mais je peux vous assurer que le gouvernement fait tout pour que ça n'arrive pas. Nous déployons tous les efforts pour mettre un terme à ce conflit», a-t-elle assuré.

Le Regroupement des événements majeurs et internationaux a lui aussi plaidé pour une résolution rapide du conflit. «Tous regardent attentivement le dialogue qui doit bientôt reprendre entre le gouvernement et les étudiants et c'est sûr qu'on souhaite qu'un règlement puisse survenir», a indiqué son président, André Boisclair.

Rassemblements apolitiques

Celui-ci a d'ailleurs souhaité voir les manifestants éviter de perturber les festivals cet été, si le conflit devait se poursuivre. «Ces événements doivent demeurer des rassemblements apolitiques, pacifistes, où les gens se retrouvent dans la bonne humeur pour célébrer». Confiant, André Boisclair a souligné que «ce n'est pas la première fois que les festivals se déroulent alors qu'il y a des tensions sociales au Québec».

À deux semaines du Grand Prix, ses organisateurs se disent inquiets. Son promoteur, François Dumontier, juge que la sécurité sur le site n'est pas menacée, mais que son accès est «vulnérable». «Le fait qu'on soit sur une île rend la sécurité plus facile à assurer. Mais on ne contrôle pas, ce qui va se passer à Montréal et dans le métro, principal moyen de transport pour les gens qui viennent au Grand Prix.»

Plus optimiste, le président de Spectra, Alain Simard, a d'ailleurs dit ne pas s'inquiéter de l'impact des manifestations sur ses événements, notamment les Francofolies qui doivent débuter dans moins de deux semaines. «Si des étudiants viennent participer aux festivals, ce ne sera pas pour participer au grabuge. Si 10 000 manifestants viennent à passer, ils vont s'arrêter et regarder le spectacle. Les Francofolies, c'est le festival des jeunes, alors on ne leur dira pas de ne pas venir.»

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Moyenne des recettes mensuelles des hôteliers depuis 10 ans

Janvier 37 217 285,87$

Février 41 241 287,04$

Mars 45 791 322,90$

Avril 50 396 570,07$

Mai 65 597 550,59$

Juin 79 444 875,60$

Juillet 69 072 548,79$

Août 75 711 473,27$

Septembre 72 702 685,13$

Octobre 69 897 183,94$

Novembre 52 220 360,95$

Décembre 39 929 604,52$

Source: ministère du Tourisme