Alors que les sondages le placent au seuil d'un gouvernement majoritaire, Philippe Couillard termine sa campagne en chassant en territoire caquiste. Cinq des sept rassemblements prévus samedi sont dans une circonscription caquiste (Arthabaska, Beauce-Nord, Lévis, Charlesbourg et Vanier-Les-Rivières).

«Les Québécois qui ont voté pour la CAQ se sont réveillés le lendemain avec un gouvernement péquiste», a menacé le chef libéral devant des militants à Victoriaville. Il était notamment accompagné par deux piliers de son équipe économique, Jacques Daoust (ex-patron d'Investissement Québec) et Carlos Leitao (ex-économiste en chef de la Banque Laurentienne).

Les intentions de vote selon le sondage Léger publié ce matin: Parti libéral (38%), Parti québécois (29%), Coalition avenir Québec (23%) et Québec solidaire (9%). Dans certaines régions, comme au nord de Montréal, la remontée caquiste profite aux libéraux. Mais dans la Capitale-Nationale, la Beauce et le Centre-du-Québec, elle nuit à M. Couillard et ses troupes.

C'est là qu'il entame le dernier droit de sa campagne. «On partage certaines idées, a dit M. Couillard au sujet du chef caquiste. Ce qu'il appelle faire le ménage, j'appelle ça mieux gérer l'impôt. Mais ça s'arrête là. Parce que d'une part, dans la substance, c'est très mince, très, très mince. Et d'autre part, M. Legault fait partie de ceux qui ont utilisé un ton franchement injurieux. Ça, ce n'est pas mon style»

«Son fameux ménage, c'est du saccage», a-t-il ajouté.

Selon le chef libéral, les caquistes manqueraient de profondeur, autant dans leur équipe de candidats que dans leurs propositions. 

«Plaques tectoniques qui bougent»

M. Couillard dit «avoir la très bonne habitude de ne pas commenter les sondages». Mais il s'est réjoui du recul du Parti québécois (PQ) dans les intentions de vote. «Le débat politique va se recentrer, comme c'est le cas ailleurs, entre les approches de gauche et les approches différentes. Nous, on mise sur la libre entreprise, le libre-marché et les libertés individuelles», s'est-il avancé.

Depuis le début de la campagne, le chef libéral assimile le projet péquiste à un «repli sur soi». Son entourage a noté ce matin que le PQ figure en troisième place dans les intentions de vote chez les plus jeunes, selon le nouveau sondage Léger. (19% 18-24 ans, 22% 25-34 ans, 20% 35-44 ans). «La jeunesse ne se retrouve plus du tout dans ces affaires-là. Ni dans la question de l'indépendance du Québec, ni dans la Charte des valeurs, qui est discriminatoire. Les jeunes n'ont aucune connexion avec ça. Ça aussi, c'est un changement historique qui est en train d'arriver», s'est-il avancé.

En fait, selon des recensions de sondages, le vote souverainiste vieillit et ne se renouvelle pas complètement. Mais paradoxalement, les jeunes n'ont jamais été aussi nombreux à s'identifier en tant que «Québécois d'abord». «Est-ce que le fait d'affirmer fortement notre identité québécoise conduit nécessairement au choix d'une citoyenneté différente que la citoyenneté canadienne ? La réponse, c'est non», a commenté le chef libéral.

M. Couillard fait la promotion du bilinguisme individuel et attaque sévèrement le projet souverainiste. Est-il plus fédéraliste que ses prédécesseurs? «Je suis fédéraliste comme tous mes prédécesseurs, et Québécois avant tout» répond-il. Il ajoute que personne «n'est fédéraliste à moitié». On l'est ou on ne l'est pas, croit-il.