Pauline Marois veut se garder toute la «latitude» pour juger du moment où les Québécois seraient prêts à la tenue d'un référendum sur la souveraineté. Et elle refuse de préciser les moyens qu'elle prendrait pour faire mousser son option si elle est reportée au pouvoir.

Au lendemain d'un débat des chefs où la question nationale a été un enjeu central, la chef péquiste a martelé son message: «Il n'y aura pas de référendum tant que les Québécois ne seront pas prêts». Selon elle, «ce n'est pas la priorité des Québécois en ce moment», ni celle de son équipe.

Comment un gouvernement péquiste jugerait que le moment est venu? «Vous allez nous permettre de nous donner la latitude d'évaluer s'il y a ou non un mouvement majeur, s'il y a ou non une volonté des Québécois de se prononcer sur le statut du Québec», a-t-elle répondu.

«Il y aura un moment où on constatera ensemble que c'est le cas. Et si ce n'était pas le cas, c'est une autre avenue que nous allons choisir.»

En février dernier, elle disait que des «critères objectifs» et d'autres «parfaitement subjectifs» allaient servir à évaluer le moment opportun pour tenir un référendum. Elle n'a pas voulu préciser lesquels vendredi. «Évidemment, je crois qu'on sera capables ensemble d'identifier le moment, s'il y a lieu, où les Québécois seront prêts à se pencher sur le statut du Québec. À ce moment-ci, ce n'est pas l'objet de l'élection», a-t-elle affirmé.

Questionnée au sujet des moyens qu'elle prendrait pour convaincre les Québécois que son option est la bonne, elle s'est contentée de dire qu'«on ne bousculera pas les Québécois».

Elle a répondu que le livre blanc sur l'avenir du Québec ne serait pas un moyen de faire la promotion de la souveraineté, contrairement à ce que des membres de son équipe disaient en février. «C'est un état de situation quant à là où se trouve le Québec en 2014, 2015, selon le temps que l'on prendra», a-t-elle dit. Une consultation publique suivrait le dépôt du livre blanc.

La candidate dans Bellechasse et ex-ministre Linda Goupil a déclaré sur les ondes du FM93 à Québec qu'elle ne veut pas de référendum au cours d'un prochain mandat. Et si on lui avait parlé de la tenue d'un référendum dans les quatre prochaines années, elle ne se serait pas portée candidate, a-t-elle ajouté. Mme Marois n'a pas voulu faire de commentaires, disant ne pas avoir pris connaissance de la déclaration. 

Elle a accusé le chef libéral Philippe Couillard de mener une «campagne de peur» autour d'un référendum «pour faire oublier que tout ce qu'il propose aux Québécois est le retour aux années libérales», marquées selon elle par la corruption et l'augmentation de la dette publique. «L'élection porte sur le choix d'un gouvernement, pas sur le référendum», a-t-elle insisté.

Pierre Karl Péladeau et Bernard Drainville étaient aux côtés de Mme Marois pour sa conférence de presse. M. Péladeau a évité d'aborder l'enjeu de la souveraineté. Il a déclaré que sa volonté de développer l'économie du Québec est «la raison de (son) engagement politique». «Le retour aux années libérales serait terrible pour notre économie», a-t-il lancé. Bernard Drainville a fait un plaidoyer sur l'importance d'adopter la charte des valeurs. L'économie et la charte étaient d'ailleurs au centre de l'allocution de Pauline Marois.