Philippe Couillard fait concurrence à François Legault en présentant une « stratégie maritime » pour « mettre en valeur tout le potentiel du fleuve et de l'estuaire du Saint-Laurent ».

Cette stratégie rappelle le « Projet Saint-Laurent » du chef caquiste, qui veut créer une vallée de l'innovation le long du fleuve à l'image de Silicon Valley en Californie. Le chef libéral parle quant à lui de la création de « nouveaux vecteurs de croissance économique ». « Mais il y a une énorme différence », s'est défendu Philippe Couillard en conférence de presse à Lévis, vendredi. Le projet de M. Legault « manque de vision, manque d'horizon, car c'est essentiellement de la décontamination de terres dans l'Est de Montréal et l'installation un peu forcée d'entreprises dans des territoires nettement agricoles le long du Saint-Laurent. Je ne vois pas les bénéfices qu'on va chercher là ».

Selon lui, sa stratégie maritime permettrait de créer 30 000 nouveaux emplois de 2015 à 2030 et de générer des investissements privés de plus de quatre milliards $. Il y aurait des investissements publics en infrastructures de plus de trois milliards, une facture qui serait partagée à parts égales entre Québec et Ottawa. La mise en oeuvre de sa stratégie repose d'ailleurs en bonne partie sur la participation du gouvernement fédéral. Il devrait y avoir des négociations. Philippe Couillard a affirmé qu'il a eu des « contacts avec des collègues, cabinets du gouvernement fédéral ». Il les a « informés » de sa stratégie. « Ce ne sont pas des projets imaginés tout ça. Chacun des projets a déjà fait l'objet d'études. Ce qu'on fait, c'est les ramasser dans le même axe. (...) Je pense que c'est le genre de stratégie qu'(Ottawa) va accueillir favorablement », a-t-il soutenu.

Philippe Couillard entend ainsi créer, en collaboration avec le fédéral, un « pôle logistique à haute valeur ajoutée » le long de l'autoroute 30, dans le secteur de Vaudreuil. Ce serait un pôle de manutention des marchandises. Ce projet représente des investissements de 500 millions de dollars. « Il faut se dépêcher parce que si on ne le fait pas, à Cornwall il va y en avoir un, et on va avoir manqué le bateau, c'est le cas de le dire. Il faut absolument accélérer les travaux. Heureusement, les études sont déjà disponibles, on sait les investissements à faire », a dit Philippe Couillard

Le coût budgétaire de sa stratégie - donc sans les dépenses en immobilisations de 1,5 milliard - serait de 112,5 millions par an. La principale mesure serait la création d'un crédit d'impôt pour la rénovation ou le remplacement de navires-armateurs et croisiéristes, au coût de 50 millions. Ce serait un moyen de soutenir les chantiers maritimes.

Le chef libéral chiffre les retombées fiscales de sa stratégie à 3,5 milliards pour Québec et Ottawa. C'est « conservateur », selon lui.

Philippe Couillard veut développer le transport maritime, avec un crédit d'impôt de huit millions de dollars. Une telle mesure contribuerait à réduire les émissions de gaz à effet de serre, a-t-il plaidé. Car le transport ferroviaire est neuf fois plus énergivore, et celui par camion l'est encore davantage. Le chef libéral a voulu se faire rassurant à l'égard de ces deux industries. « Si on augmente le transport maritime, on va augmenter les activités de transport des autres modalités », a-t-il fait valoir.

Philippe Couillard compte également améliorer l'offre des services de traversiers et « assurer la pérennité de l'industrie des pêches et de l'aquaculture ». Il veut mettre sur pied un «Bureau de l'offre touristique maritime» et, au chapitre de l'environnement, créer des « aires protégées ». Il entend développer « l'économie bleue », en particulier le secteur des biotechnologies marines.

L'accord de libre-échange avec l'Europe présente à ses yeux une occasion pour consolider le Québec comme « plaque tournante du transport transatlantique ».