Si Québec solidaire n'a pas réussi à faire élire les quatre candidats espérés, la formation est tout de même parvenue à doubler son nombre de députés au Salon bleu. «Dans quelques semaines, on sera deux» a soufflé Amir Khadir une fois les résultats connus.

Après avoir obtenu une deuxième place lors des deux derniers scrutins, sa co-porte-parole Françoise David ira finalement le rejoindre à l'Assemblée nationale. Elle a aisément battu le péquiste Nicolas Girard, qu'elle a d'ailleurs salué, dans la circonscription de Gouin, bleue depuis 1976. «Ouf», a lâché la femme, un sourire ému collé au visage, en montant sur la scène. «Merci aux électeurs d'avoir cru en moi. Merci d'avoir montré un désir de changement écologiste et féministe.» La foule a répondu par des cris triomphants.

«J'ai vécu quatre ans à l'Assemblée nationale pour savourer cette soirée de doux espoirs pour Québec Solidaire», a lancé Amir Khadir quelques secondes plus tard. Lui aussi l'a emporté facilement dans Mercier, où il n'avait pourtant eu que 810 votes de plus que son adversaire péquiste lors de l'élection précédente. Le nouveau «candidat-vedette» que lui a opposé le PQ, Jean Poirier, ancien porte-parole du syndicat des travailleurs d'Aveos, n'aura pas réussi à ravir au député sa circonscription de Mercier, au coeur du Plateau-Mont-Royal.

Même s'ils ne constituent pas la balance du pouvoir comme ils le souhaitaient, les deux leaders ont promis de collaborer avec la nouvelle première ministre «à chaque fois qu'elle déposera un projet de loi progressiste, équitable, environnemental ou souverainiste». «Nous serons responsables», a assuré la nouvelle élue.

L'ambiance à l'Olympia, où s'étaient réunis les militants solidaires, a été électrique toute la soirée. La foule s'est égosillée lorsqu'on a annoncé l'avance de ses deux favoris, avant d'exploser de joie lorsque leur élection a été confirmée. Les partisans on a aussi copieusement hué Jean Charest et François Legault à chaque fois qu'ils sont apparus sur les écrans géants qui ornaient la scène.

Déception, tout de même, dans Sainte-Marie-Saint-Jacques, territoire des manifestations nocturnes étudiantes et lieu de résidence de nombreux «carrés rouges», où le parti croyait ferme en l'élection de Manon Massée, travailleuse communautaire au visage familier. Même si la candidate solidaire s'est accrochée jusqu'à la fin, c'est le Parti québécois, en selle depuis 2006, qui l'a emporté.

«C'est une autre preuve que le mode de scrutin n'est pas adéquat», a déploré Amir Khadir, dont le parti ramasse quelque 6% des votes pour deux élus seulement. «Plusieurs solidaires sont victimes du mode de scrutin, a ajouté Manon Massée. J'espère que ceux qui ont été élus vont comprendre que le peuple est écoeuré d'être pris dans ce système. Il faut que ça change.»

La formation politique avait aussi dans sa mire le fief du libéral Gerry Sklavounos, qui règne sur Laurier-Dorion depuis 2007, alors qu'il a ravi le poste à la péquiste Elsie Levebvre. QS a terminé troisième derrière le péquiste Badiona Bazin.

Québec solidaire affirme avoir doublé son nombre de membres durant la campagne électorale pour atteindre les 13 000.