Jacques Duchesneau ne coulera pas les informations qu'il a recueillies pendant son mandat d'enquêteur au profit de la Coalition avenir Québec (CAQ), et François Legault en est fort conscient, martèle l'ancien patron de l'Unité anticollusion (UAC).

Le candidat vedette de la CAQ reconnaît néanmoins que l'expertise acquise et les témoignages entendus au cours des derniers mois font désormais partie de son bagage de connaissances, et qu'il a l'intention de mettre celui-ci au service des citoyens.

«Mais bien évidemment, c'est à peu près comme demander au docteur (Gaétan) Barrette d'oublier tout ce qu'il a appris comme médecin une fois qu'il vient s'asseoir au conseil des ministres. Je ne peux pas le faire, je l'ai en tête, mais je ne divulguerai pas d'informations, et ça a été clair avec M. Legault», lance-t-il en entrevue téléphonique avec La Presse Canadienne.

M. Duchesneau assure ainsi qu'il a d'ores et déjà prévenu François Legault que «jamais» il ne lui fournirait le contenu de ses enquêtes - surtout qu'il ne jouit plus de l'immunité que lui garantissait la Commission Charbonneau.

Il dit avoir décidé de joindre les rangs de la CAQ puisque M. Legault l'a convaincu qu'il avait véritablement «la volonté de faire le ménage».

Les deux hommes s'étaient d'ailleurs rencontrés en mai dernier - de façon «neutre», précise l'ancien chef de police - pour jeter les bases de ce qui est devenu le projet de loi 1. Il s'agit de la législation qu'un éventuel gouvernement caquiste ferait adopter pour mettre fin à la «corruption» et au «gaspillage» à Québec.

Sans aucune hésitation, Jacques Duchesneau dit ne pas avoir perçu la même volonté de changement au Parti québécois (PQ), qui l'a également courtisé.

«Pas du tout. Du tout, du tout. C'est pour ça que j'ai dit non aussi.»

L'équipe caquiste, plaide-t-il, est la mieux outillée pour enrayer la corruption et la collusion au Québec. «Si j'étais seul, je ne serais pas allé. Ça, c'était aussi une autre question que j'avais. Moi, je ne marche pas sur l'eau, je ne fais pas de miracles.»

Mais une équipe comptant parmi ses joueurs l'agent officiel Marc Deschamps, qui a démissionné de son poste en raison d'allégations sur son rôle dans le controversé projet immobilier du Faubourg Contrecoeur, à Montréal, n'aurait pas réussi à séduire celui que certains surnomment «M. Net».

«C'est M. Legault qui a été interpellé (au sujet de Marc Deschamps). De mon côté, je ne serais pas allé s'il avait été là», tranche M. Duchesneau, qui se défend cependant d'avoir demandé le départ de l'ancien agent officiel.