Peu importe l'ampleur que prendra la «tempête économique», Jean Charest refuse d'intervenir pour freiner les hausses tarifaires de toutes sortes qui attendent les contribuables.

Le chef libéral exclut tout gel des tarifs au cours d'un prochain mandat, sauf pour les parents dont les enfants fréquentent les garderies à 7$ par jour.

La «tempête économique» à venir, dont il parle dans tous ses discours, ne le ferait pas broncher même si elle secoue durement le Québec. «Il y a en place des mécanismes qui sont prévues pour gérer, peu importe les circonstances, la façon dont on finance nos programmes», a affirmé M. Charest en conférence de presse, hier.

«On va laisser à ceux qui ont à gérer les programmes le soin d'assumer leurs responsabilités et de s'assurer qu'ils les financent correctement, a-t-il ajouté. Il faut que ça se fasse comme ça, sinon on finit par avoir de l'arbitraire politique dans ces choses-là, et ce n'est pas ce qu'on veut.»

Plusieurs hausses tarifaires sont attendues dans les prochains mois. Hydro-Québec demande à la Régie de l'énergie de lui permettre de majorer ses tarifs de 2,2% le 1er avril prochain.

Les cotisations à l'assurance parentale grimperont de 7,5% le 1er janvier, une décision que le gouvernement a entérinée l'été dernier. Elles bondiront de 7,5% le 1er janvier 2010, puis de 5,1% en 2011, selon un document confidentiel du Conseil du Trésor que Le Devoir a obtenu.

Dans un document rendu public en septembre, la Régie des rentes propose de relever son taux de cotisation de 9,9% à 10,4% au cours d'une période de cinq ans. C'est une augmentation de 27$ par an pour un salarié qui gagne 30 000$; de 41$ pour celui qui a un revenu de 45 000$.

La SAAQ pourrait hausser de 60$ par année, pendant 10 ans, le coût des permis de conduire ou les droits d'immatriculation, a révélé La Presse la semaine dernière. Le régime d'assurance est touché par les pertes de la Caisse de dépôt et placement sur les marchés financiers.

Les promesses de 2003

Jean Charest a rappelé qu'une baisse d'impôt d'un milliard de dollars est entrée en vigueur en janvier dernier. Le PLQ a toutefois renié son engagement de 2003 d'alléger le fardeau fiscal d'un milliard par an.

La baisse d'impôt «permet par exemple à une famille de deux enfants d'économiser jusqu'à 2000$ cette année. Donc, l'augmentation de son revenu disponible excède les augmentations du coût de la vie, y compris les tarifs dans beaucoup de cas», a expliqué M. Charest.

Le chef libéral promet de geler le tarif des garderies subventionnées durant le prochain mandat. Il avait pris le même engagement en 2003, mais il avait fait passer le tarif de 5 à 7$ par jour quelques mois après son arrivée au pouvoir.

Jean Charest est demeuré évasif sur ce qu'il entend faire des recommandations du rapport Montmarquette, qui préconise la fin de la «culture de la gratuité» et de la «sous-tarification». Le rapport propose une hausse importante des tarifs d'électricité et des droits de scolarité, l'installation de compteurs d'eau et l'introduction de péages aux entrées de l'île de Montréal.

«On va assumer nos responsabilités pour s'assurer que les Québécois puissent maintenir leur niveau de vie, pour qu'au net les gens aient plus d'argent dans leurs poches», s'est contenté de répondre M. Charest. Contraitrement à ce qu'ils avaient promis en 2003, les libéraux n'ont pas relevé le niveau de vie des Québécois par rapport aux autres États de l'Amérique du Nord.

De son côté, Pauline Marois a refusé hier de promettre un gel des cotisations à l'assurance parentale. Elle s'était pourtant engagée la veille à empêcher les organismes et les sociétés d'État d'augmenter leurs tarifs en cette période de turbulences économiques.

Avec Martin Croteau