Pauline Marois en a «ras-le-bol» que Jean Charest la tienne responsable des déboires actuels du système de santé. Visiblement agacée par les attaques répétées de son adversaire libéral, la chef du Parti québécois l'a accusé de «se défiler» de ses responsabilités et de «mentir» aux Québécois.

«Il y a un boutte à toute, à essayer de nous faire porter une responsabilité que lui doit porter complètement. Qu'il aille donc voir les gens de Sainte-Justine en leur disant que c'est la faute de l'ancien gouvernement. Je m'excuse, mais il a des comptes à rendre Jean Charest. Il ne les rend pas, et il se défile actuellement», a-t-elle lancé hier.

 

Placée sur la défensive depuis quelques jours, Pauline Marois a décidé de répliquer au chef libéral avec une sortie d'une rare virulence. «J'en ai ras-le-bol! Charest fait croire des choses, il ment au monde. Il continue de mentir. Qu'il assume! Est-ce que c'est un impuissant, Jean Charest? Il n'a pas été capable de régler les problèmes alors qu'il avait pris un engagement», a-t-elle affirmé.

«On va le faire le bilan avec lui: les heures d'attente (dans les urgences) sont plus élevées alors qu'il avait promis de les réduire à néant. Alors merci beaucoup, ça suffit les accusations de Jean Charest.»

Lorsqu'il doit commenter les déboires du système de santé, le chef libéral martèle, comme il l'a fait encore hier, qu'«on vit aujourd'hui avec les conséquences des décisions de Mme Marois». Il rappelle les mises à la retraite de 1500 médecins et de 4000 infirmières du gouvernement Bouchard dont Mme Marois faisait partie. «Il va arrêter de s'essuyer les pieds sur le gouvernement du Parti québécois. On essaie de me faire porter un chapeau, alors que c'est lui qui est là depuis six ans. C'est Jean Charest que l'on juge actuellement», a-t-elle répliqué.

Même si un autre sondage place son parti 11 points derrière le PLQ, Pauline Marois n'en démord pas: «On a un maudit bon plan de campagne». Il sera toutefois «ajusté». «On va être plus clair encore sur le bilan de M. Charest parce qu'actuellement, il essaie de faire notre procès.»

Une «business»

Le chef adéquiste Mario Dumont s'est porté à la défense de Pauline Marois. Selon lui, Jean Charest fait preuve de «lâcheté» en rejetant le blâme sur elle pour les déboires en santé. Les libéraux avaient été élus en 2003 sur la promesse de mettre fin à l'engorgement dans les hôpitaux. Or, a-t-il indiqué, près de 2700 enfants sont en attente d'intervention chirurgicale hors des délais médicalement acceptables à l'hôpital Sainte-Justine et à l'Hôpital de Montréal pour enfants.

«Je me fais des nouveaux amis tous les jours, a dit Pauline Marois, commentant la sortie du chef adéquiste. Je crois que Mario Dumont est un allié du Québec quand il attaque Jean Charest.»

Le chef adéquiste est allé encore plus loin en affirmant que le PLQ est «une business» si lucrative qu'elle peut acheter et vendre des immeubles. Il prévient que la formation de Jean Charest est à ce point plus riche que les autres que la démocratie québécoise en est menacée.

Même à l'époque où le gouvernement Charest atteignait des sommets d'impopularité, le PLQ accumulait les dons à un rythme «bizarre», selon lui. Il affirme que la formation récolte chaque année presque autant d'argent dans la province que le Parti conservateur dans tout le Canada.

La situation est d'autant inquiétante à ses yeux que le premier ministre sortant a profité de la lassitude des Québécois à l'égard de la politique pour déclencher des élections. «Quand un parti est tellement plus riche que ses adversaires, et qu'en plus il a des objectifs aussi peu nobles que souhaiter la moindre participation, ça soulève des questions sur notre démocratie», a-t-il déclaré.

Les terrains et les bâtiments que possède le PLQ valaient 2,8 millions à la fin de 2007. Le PLQ a recueilli des dons totalisant 7,2 millions en 2007, contre cinq millions pour le PQ et 3,4 millions pour l'ADQ - une année tout à fait exceptionnelle dans son cas.

Face au tir groupé de Mme Marois et de M. Dumont, Jean Charest a eu une réaction posée. Il a reproché à la chef péquiste de se livrer à des «attaques personnelles», faisant référence à sa déclaration selon laquelle il est «un impuissant» dans le dossier de la santé. «Les Québécois seront déçus d'entendre de tels propos. J'invite Mme Marois à respecter la volonté des Québécois qui veulent un débat de fond, pas ce genre de débat qui de toute évidence ne mène à rien», a-t-il affirmé.

Jean Charest a balayé d'un revers de main les accusations de Mario Dumont contre son parti. «Je ne sais pas d'où ça sort ces affaires-là. Hier, c'était attaquer (Guy A.) Lepage et là aujourd'hui, c'est ça? Il me semble qu'on avait fait le point au début de la campagne électorale et qu'on voulait tous une campagne d'idées, une campagne sur un enjeu qui n'est pas inventé, mais qui est réel.»