Un ancien député conservateur, qui s'était présenté sous la bannière de l'Alliance canadienne aux élections de 2000 et dont certaines idées ont soulevé la controverse dans le passé, se présente maintenant avec le Parti libéral du Canada.

Candidat dans Beauharnois-Salaberry, Ricardo Lopez s'est en effet fait connaître dans les années 80 et 90 pour ses propositions d'abolir le bien-être social et d'envoyer tous les Amérindiens vivre au Labrador. Il était alors député de Châteauguay dans le gouvernement progressiste-conservateur de Brian Mulroney.Hier, cette recrue des libéraux conservait le profil bas sur le site du PLC. Lorsqu'on cliquait son nom dans la section «Faites connaissance avec votre candidat libéral», seuls son nom, des coordonnées générales du parti et l'ombre découpée d'une personne (un peu comme sur Facebook lorsqu'un participant ne met pas de photo) apparaissaient.

Cela faisait contraste avec les profils de la majorité des autres candidats, leurs photo et biographie étant disponibles sur le site. Deux appels à la permanence du PLC n'auront pas permis de lui parler.

Né à Madrid en 1937, M. Lopez était un homme d'affaires lorsqu'il a été élu député conservateur de Châteauguay le 4 septembre 1984. Comme plusieurs autres, il a été réélu en 1988 avant d'être emporté par la débandade conservatrice aux élections de 1993.

En 2000, M. Lopez avait tenté un retour en politique avec l'Alliance réformiste canadienne en se présentant dans son ancienne circonscription. Il avait alors subi une raclée, terminant en troisième place avec 3124 votes, loin derrière le bloquiste Robert Lanctôt (26 320 voix) et la libérale Carole Marcil (22 840 votes).

Controverses

En juin 1985, moins d'un an après son élection, M. Lopez avait fait parler de lui en proposant un nouveau projet de société qui permettait au gouvernement fédéral d'économiser 11,8 milliards de dollars et, éventuellement, abolir l'impôt sur le revenu des particuliers!

Dans un article paru dans La Presse du 8 juin 1985, on rapportait que le plan du député proposait la réforme de l'assurance chômage en assurance revenu et, en accord avec les provinces, l'abolition du bien-être social pour toutes les personnes aptes à travailler.

Alors que des Mohawks de Kahnawake avaient érigé une barricade aux abords du pont Mercier pour une histoire de contrebande de cigarettes, il avait aussi suggéré d'envoyer tous les Amérindiens vivre au Labrador. M. Lopez s'était défendu d'avoir affirmé une telle chose et s'en est expliqué dans une lettre ouverte publiée dans La Presse. Ses propos, ajoutait-il, avaient été formulés plus tôt dans une rencontre avec des autochtones de Saint-Régis et cités hors contexte.

En juillet 1988, lors d'un débat à la Chambre des communes, M. Lopez faisait partie d'un groupe de 19 députés québécois (18 conservateurs et un libéral) qui avaient voté en faveur d'un amendement interdisant l'avortement au Canada, sauf dans les cas où deux médecins indépendants indiquaient que la continuation de la grossesse constituait un danger pour la vie de la femme enceinte.

Jointe hier en pleine tournée dans sa circonscription, la députée du Bloc québécois Claude DeBellefeuille s'est dite surprise de ces changements d'allégeance de M. Lopez. «Moi, je suis souverainiste depuis que je suis toute petite et je le serai toujours», a-t-elle déclaré.