Le Parti conservateur a promis d'abolir la détention à domicile pour les personnes reconnues coupables d'une trentaine d'infractions au Code criminel, lors de son passage à Saskatoon mardi.

Le chef Stephen Harper a reconnu qu'une telle mesure augmenterait la population carcérale, mais selon lui, le coût en serait minime. « La population de contrevenants qui devrait être transférée du domicile à la prison, sans être insignifiante, n'est pas très élevée », a-t-il dit.« Nous nous attendons à ce que les coûts soient petits et gérables », a-t-il ajouté, précisant qu'il travaillerait avec les provinces pour mettre les mesures en oeuvre.

Les conservateurs visent diverses infractions, allant des lésions corporelles causées par négligence criminelle, au vol de voiture et à la conduite avec facultés affaiblies causant des lésions corporelles, jusqu'à l'enlèvement, la traite de personnes et l'agression armée.

Les troupes de Stephen Harper disent vouloir ainsi rétablir le projet de loi C-9, qu'ils ont présenté en début de mandat en 2006, mais que les partis d'opposition ont amputé d'une portion importantes des infractions qui étaient visées au départ.

Cette promesse ferait vraisemblablement l'objet d'un vote de confiance à la Chambre des communes. M. Harper a indiqué la même chose la veille, concernant sa promesse d'imposer des peines de prison à vie pour certains jeunes de 14 ans et plus.

Le premier ministre souhaite ainsi indiquer clairement aux partis d'opposition et aux électeurs que s'il est réélu, il compte aller de l'avant avec ses mesures de loi et d'ordre.

« Un gouvernement minoritaire, comme un gouvernement majoritaire, devrait répondre des vues des Canadiens, a-t-il dit. Si nous nous faisons élire pour un mandat et que ce mandat, particulièrement dans le secteur de la justice criminelle, est largement supporté par la population du Canada, oui, nous allons utiliser l'opinion publique comme outil pour faire passer notre législation de justice criminelle à travers la Chambre des communes. »

Il a par ailleurs dit être conscient que son approche ne faisait l'unanimité, particulièrement auprès des "sociologues et criminologues", que lui ou son entourage se plaisent à évoquer depuis le début de la campagne.

« Ce sont les gens qui ont conseillé des politiques laxistes face au crime pour 30 ou 40 ans et oui, nous croyons qu'ils ont tort », a renchérit le premier ministre mardi.

M. Harper a dit préférer l'opinion de policiers, victimes de la criminalité et des « gens ordinaires qui ont mis sur pied des groupes de justice à cause des déficiences dans le système ». « Voilà ceux que l'on écoute : les gens ordinaire. Pas les gens qui travaillent dans des tours d'ivoire, mais ceux qui travaillent dans la rue, avec le crime, sur une base quotidienne. »

Les peines avec sursis ont été créées par les libéraux en 1996. Le Parti conservateur affirme qu'en 2006, on comptait plus de 11 150 criminels qui purgeaient de telles peines, dont 2 791 étaient condamnés pour des crimes violents, 3 619 pour des crimes contre les biens et 2062 pour trafic de drogue.

Ils n'ont cependant pas été en mesure de fournir de statistique sur le nombre d'infractions graves commises par ces condamnés lorsqu'ils sont détenus à domicile.