Des groupes environnementaux nationaux appuient les écologistes gaspésiens dans le but de convaincre le gouvernement du Québec de soumettre le projet de cimenterie de Port-Daniel à un processus d'évaluation dirigé par le Bureau d'audiences publiques en environnement.

L'Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA), Greenpeace, la Fondation David-Suzuki et le Sierra Club s'associent à Environnement vert-plus, Éco-vigilance Baie-des-Chaleurs et Tache d'huile pour demander au ministère du Développement durable et de l'Environnement une étude publique du projet de 1 milliard $.

Présentement, ce ministère est la seule partie à consulter l'étude de 2000 pages déposée en avril par le promoteur, Ciment McInnis, et à poser des questions. Toutes les demandes d'accès à l'information pour obtenir l'étude ont été refusées. La direction de Ciment McInnis s'est engagée à dévoiler l'étude, mais seulement quand elle aura obtenu l'approbation de construire.

«On ne demande pas la lune [...], on demande l'accès à l'information au sujet de ce qui va se passer chez nous», signale André Bélisle, de l'AQLPA, soulignant que la cimenterie, à elle seule, pourrait faire bondir de 10 % les émissions de gaz à effet de serre du Québec.

Gaz à effet de serre

La cimenterie pourrait consommer du coke de pétrole provenant du raffinage d'hydrocarbures des sables bitumineux de l'Alberta, déplorent les écologistes, le coke de pétrole dégageant plus de gaz à effet de serre que le charbon. «Québec ne serait pas en mesure de réduire ses gaz à effet de serre de 25 % d'ici 2020», remarque Patrick Bonin, de Greenpeace.

Québec refuse de soumettre le projet au BAPE parce que les promoteurs initiaux ont déposé leur avis le 16 mai 1995, alors que la loi renvoyant ce type d'industrie à un examen du BAPE est entrée en vigueur le 22 juin 1995.

Docteur en sciences de l'environnement spécialisé en cimenteries, Richard Massicotte note que le projet de Port-Daniel, deux fois plus gros que celui déposé en 1995, suscite beaucoup de questions sur les émissions atmosphériques et les matières particulaires. «En 18 ans, les conditions du milieu ont changé, la technologie a changé.»

Michel Goudreau, d'Éco-vigilance Baie-des-Chaleurs, note que «selon la première étude, à un million de tonnes [de ciment], la cimenterie aurait généré 1,35 million de tonnes de GES [...]. À deux millions de tonnes [de ciment], les émissions atteindraient 2,7 millions de tonnes de GES».

Ciment McInnis est contrôlée depuis décembre 2011 par le conglomérat financier Beaudier, des familles Bombardier et Beaudoin. Le projet pourrait donner du travail à près de 150 personnes.