Elles peuvent peser 40 kilos, manger près de la moitié de leur poids en plancton chaque jour et sont connues pour surprendre les pêcheurs peu méfiants lorsqu'elles sautent.Si leur avancée par les voies navigables des États-Unis n'est pas arrêtée, deux espèces de carpes asiatiques pourraient devenir la prochaine grande menace pour l'écosystème déjà instable des Grands Lacs et son économie de la pêche, qui vaut des millions de dollars.

Dix-huit représentants du Canada, dont la majorité travaillent pour le ministère fédéral des Pêches, ont contribué à coordonner l'élimination en masse de poissons d'un canal de la région de Chicago, en déversant dans l'eau environ 900 kilogrammes d'une toxine pour tenter de stopper l'avancée de la carpe en direction du lac Michigan.

La semaine dernière, les autorités ont annoncé qu'ils avaient trouvé une carpe asiatique parmi des dizaines de milliers de poissons morts.

Selon le directeur exécutif du Conseil ontarien de la pêche commerciale, Peter Meisenheimer, si les carpes arrivent jusqu'à la région des Grands Lacs, elles vont y semer le chaos absolu en changeant l'écosystème et en menaçant une économie de 100 millions de dollars.

Il a estimé que la seule chose que le Canada puisse faire, c'est de mettre la pression sur les Américains afin qu'ils prennent les mesures qui s'imposent.

La carpe asiatique a été introduite en Amérique du Nord dans les années 1970 pour enrayer la propagation des algues. Les poissons argentés à grosse tête se sont échappés de bassins de pisciculture du Sud des États-Unis dans les années 1990 lors de crues de la rivière Mississippi.

Depuis, leur avancée vers les Grands Lacs a été inexorable en grande partie grâce au canal.

La voie maritime a été achevée en 1900, afin de détourner les déchets du lac Michigan, qui approvisionne Chicago en eau. Le cours d'eau s'est aussi avéré être une autoroute pour poissons, laissant les espèces envahissantes se déplacer sans entrave du Mississippi vers différents lacs.

Deux barrières électriques ont été mises en place en 2002 et 2006 pour asséner des secousses non meurtrières aux poissons migrateurs pour qu'ils changent de direction. Malgré tout, en juillet, les scientifiques ont découvert l'ADN de la carpe asiatique au-delà de la barrière, ce qui suggère qu'elles pourraient déjà être dans le lac Michigan.

La semaine dernière, lorsque l'une des barrières a dû être mise hors tension pour des fins d'entretien, les autorités ont donné leur feu vert pour l'élimination massive des poissons.

Selon un conseiller scientifique de Pêches et Océans Canada, trouver une carpe morte parmi les tonnes de carcasses de poissons suggère que l'espèce envahissante est plus proche des Grands Lacs que ce que les scientifiques avaient soupçonné.