Après une augmentation notable l’an dernier, le nombre d’enfants qui font l’école à la maison est en baisse cette année. Certains élèves dont les parents s’étaient transformés en enseignants en raison de la pandémie ont repris le chemin des classes.

Dominique Bernèche est devenue l’enseignante de quatre de ses six enfants en septembre 2020. L’idée : protéger les grands-parents et continuer à les fréquenter dans une bulle étanche.

Dans ma tête, en janvier, les enfants retournaient à l’école et c’était réglé. On ne pensait pas que ça durerait si longtemps.

Dominique Bernèche

Comme les cas de COVID-19 ont flambé en plein hiver, la 5e année de Louis, la 3e de Laurier, la 1re de Simone et la maternelle de Marie se sont faites – au complet ! – de la maison de Lanaudière.

« Ç’a été une belle année, mais je n’en aurais pas refait une deuxième. L’école à la maison, ce n’était pas pour moi une vision à long terme ni une solution parce que je n’étais pas satisfaite de ce qui se passait à l’école », explique Dominique Bernèche, entrepreneure et enseignante de formation, qui a constaté que « ça demande beaucoup de temps ».

Selon les chiffres fournis par le ministère de l’Éducation à La Presse, il y a cette année (en date du 13 septembre) un peu plus de 8300 enfants qui font l’école à la maison. L’an dernier, ils étaient près de 12 000 enfants, soit le double de 2019-2020.

Certains parents qui « se sentaient à l’aise » avec la situation sanitaire ont choisi de remettre leurs enfants en classe, observe Marine Dumond-Després, présidente de l’Association québécoise pour l’éducation à domicile (AQED).

« Ça prend un réseau pour faire l’école à la maison. Il faut que les enfants se fassent des amis, que les parents puissent échanger avec des familles qui font la même chose. Ça n’a vraiment pas été facile l’an dernier », explique Mme Dumond-Després, qui croit que cet isolement a pu en décourager certains de poursuivre l’enseignement à la maison.

Plus d’enfants à la maison qu’avant la pandémie

Bien que le choix de faire l’enseignement à la maison reste marginal (moins de 1 % de tous les élèves de la province), l’AQED estime que l’« engouement » observé avec la pandémie ne s’essouffle pas.

« C’est intéressant de voir que des familles qui ont débuté l’an dernier poursuivent [l’enseignement à la maison]. Beaucoup de familles nous disent qu’un enseignement individualisé est mieux pour leur enfant. Nous avons une majorité d’enfants qui ont des besoins particuliers. C’est certain qu’un enseignement [en tête à tête] permet de suivre le rythme de l’enfant », observe Marine Dumond-Després.

Au ministère de l’Éducation, on rappelle que bien que la date limite pour déclarer un enfant en enseignement à la maison soit le 1er juillet, « un parent peut choisir de retirer son enfant de l’école afin de lui donner un enseignement à la maison à tout moment pendant l’année scolaire ».

Quant aux enfants de Dominique Bernèche, ils sont retournés dans leur école primaire il y a quelques semaines.

Ils étaient contents d’y aller, mais ils s’ennuient un peu de ce beat-là. Mes garçons allaient à la pêche l’après-midi. Ils aimaient beaucoup la latitude que ça leur donnait.

Dominique Bernèche

Et la mère ? Elle cite l’exemple de sa petite Simone, à qui elle a appris à lire. « C’était très valorisant », dit-elle. Mais pendant que son conjoint, enseignant au cégep, donnait ses cours à distance, elle assurait souvent le reste.

« C’est moi qui avais la charge mentale de l’école, qui disais : “Aujourd’hui, on fait ça.” Parfois, si j’avais une réunion, mon chum s’en occupait », explique Dominique Bernèche. Les grands-parents ont aussi été mis à contribution.

Maintenant que ses enfants ont repris leur routine plus « traditionnelle », Dominique Bernèche se consacre à son entreprise Les Belles combines, qui offre des outils éducatifs pour les parents. Et la famille se prépare à accueillir dans quelques mois un bébé, le septième de la fratrie.

Des examens ministériels obligatoires

En vertu d’un décret adopté en 2019, les enfants scolarisés à domicile devront à compter de cette année se soumettre aux épreuves ministérielles obligatoires. L’AQED déplore que les familles soient laissées dans le flou et qu’« aucun plan concret quant aux modalités de passation des examens » ne soit encore connu.

Nombre d’enfants scolarisés à la maison

  • 4968 durant l’année scolaire 2018-2019
  • 5964 durant l’année scolaire 2019-2020
  • 11 947 durant l’année scolaire 2020-2021
  • 8329 pour l’année scolaire 2021-2022
    (au 13 septembre 2021)

Source : ministère de l’Éducation du Québec