(Montréal) Une première journée de grève dans le secteur public touchera mardi plusieurs cégeps du Québec, puisque 10 000 membres de la Centrale des syndicats du Québec débraieront, alors que les conventions collectives sont échues depuis un an.

Ces 10 000 syndiqués sont des enseignants de cégep, mais aussi des professionnels et des employés de soutien au niveau collégial.

Les membres de la CSQ dans le secteur de l’éducation (niveaux collégial, primaire et secondaire réunis) avaient déjà voté à 73 % en faveur d’un mandat de « l’équivalent de cinq jours » de grève, à être tenus au moment opportun. Mardi sera la première journée de ce mandat et pour le collégial seulement.

En entrevue lundi, Valérie Fontaine, présidente de la Fédération du personnel de soutien de l’enseignement supérieur à la CSQ, a précisé que ce sont 29 cégeps qui seront touchés par le débrayage de l’un ou l’autre de ces syndicats, qu’il s’agisse des enseignants, des professionnels ou des employés de soutien.

Piquets virtuels respectés ?

Il arrive que des syndicats affiliés aux autres centrales, soit la CSN et la FTQ, côtoient des syndicats de la CSQ dans un même cégep. Il faudra voir alors ce qui arrivera du traditionnel « respect des lignes de piquetage » entre ces syndicats, dans un contexte d’enseignement à distance à cause de la pandémie.

Interrogée au sujet du respect de ce code moral face à la CSQ, la Fédération nationale des enseignants (FNEEQ) de la CSN a répondu que ses membres respecteront la décision des directions d’établissements.

« Nous, on n’est pas en grève, là, officiellement. Il faut donner la prestation de services à laquelle l’employeur s’attend », a affirmé Michael Lartigau, conseiller aux communications à la FNEEQ.

« Nous, on se conforme aux directives de l’établissement, la journée même. Nous, comme on n’est pas en grève, on est encadré par le Code du travail », a-t-il ajouté.

À la FTQ, la consigne est claire : « on va respecter les lignes de piquetage » de la CSQ.

Mais comme bien des employés sont en télétravail, la situation sera difficile à jauger pour la CSQ.

Convoqués par le Trésor

Mme Fontaine voit un lien entre cette première journée de grève touchant des syndicats du secteur public et le fait que les principales organisations syndicales aient été convoquées, vendredi dernier, à une rencontre avec la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, mardi soir.

« On est content que le gouvernement annonce un possible mouvement —on ne va pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué — mais on se désole quand même qu’il ait attendu qu’il y ait ce premier mouvement de grève. Mais c’est sûr que c’est directement en lien avec la grève annoncée que le gouvernement a enfin décidé de nous mettre quelque chose sur la table », a commenté Mme Fontaine.

Cette journée de grève, insiste Mme Fontaine, « c’est un cri du cœur pour que le gouvernement bouge ».

Elle rapporte que plusieurs travailleurs désertent le secteur public au profit du privé et que plusieurs postes ne sont même pas pourvus, à cause des conditions de travail.