Près d'une centaine de travailleuses des 57 centres de la petite enfance en grève depuis huit jours ont manifesté bruyamment devant les bureaux du ministère du travail ce matin leur ras-le-bol face au piétinement des négociations avec l'Association patronale nationale des CPE (APNCPE) de Montréal et Laval. Environ 3000 enfants sont privés de service de garde depuis mercredi dernier.

«On avance, on avance, on ne recule pas!» ont scandé les employés en appui à leur comité de négociation. 

«Aujourd'hui, notre objectif est d'appuyer le comité de négociation qui travaille fort pour en arriver à une entente, a lancé Carole Leroux, présidente du syndicat qui représente les 1350 employés en grève. On est exaspérés, ça fait plus de 40 mois que notre convention collective est échue. Nous sommes ici en délégation pour augmenter la pression et faire avancer la négociation qui perdure, a-t-elle fait valoir. Il est hors de question que nous ayons une convention collective moindre que les travailleuses des autres régions.» 

Un employé portant un costume de clown tenait une pancarte où l'on pouvait lire: «C'est pas drôle, on ne rit pas, on veut nous enlever notre ancienneté», en référence à la volonté de l'APNCPE de créer deux catégories d'éducatrices - celles qui sont formées et celles qui ne le sont pas.

Nathalie Fontaine, vice-présidente à la négociation a déploré quant à elle le rejet mercredi de la dernière proposition syndicale, déposée mardi, qui selon elle, tenait compte des priorités patronales. «Malheureusement, il n'y avait aucune avancée sur nos priorités, a-t-elle affirmé. C'était une insulte aux éducatrices et aux travailleurs en CPE. Le conciliateur a donc ajourné jusqu'à ce matin et on poursuit la discussion aujourd'hui. Les travailleuses sont motivées et elles ne se laisseront pas abattre.» 

Quelques parents, eux aussi exaspérés par le conflit de travail, étaient présents. Plusieurs d'entre eux ont témoigné des défis organisationnels auxquels ils faisaient face.

«On comprend tout à fait les parents qui se désolent des inconvénients de cette grève, a indiqué Nathalie Fontaine. Ce qu'on leur dit, c'est qu'ils ont le pouvoir d'aller voir leur conseil d'administration et les employeurs pour changer leur mandat qui n'a pas d'allure, alors que nos demandes sont raisonnables. Donc, on ne lâchera pas et on va continuer à se battre pour le respect.» Carole Leroux abonde dans son sens: «Que les parents vérifient les mandats des directions de CPE», a-t-elle plaidé.

Le vice-président des secteurs privés de Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS) CSN, Dany Lacasse, qui représente les employés d'environ 400 CPE au Québec, a dénoncé l'action unilatérale de l'Association patronale nationale, qui chapeaute 57 CPE de la région de Montréal et Laval. «On parle d'une seule association qui a décidé de revoir les conditions de travail à la baisse et qui refuse d'accorder les mêmes conditions de travail qu'à l'ensemble des travailleuses de la province.»

La conciliation se poursuivra samedi entre les deux parties. Des discussions sont également prévues pendant le week-end, patrons et syndiqués exprimant leur souhait d'en arriver à un règlement.