Le Parti québécois (PQ) promet de stopper le développement des garderies privées non subventionnées qui sont les « cancres » du réseau en matière de qualité.

Il avait jonglé avec l'idée d'imposer un tel moratoire lorsqu'il était au pouvoir en 2013, mais il l'avait finalement abandonnée.

Selon une étude de l'Observatoire des tout-petits rendue publique hier, près du quart des 300 000 enfants inscrits dans un service de garde reconnu au Québec fréquentent un milieu de piètre qualité. Et c'est dans les garderies non subventionnées que la situation est la pire (voir tableau).

La vice-cheffe du PQ, Véronique Hivon, accuse les libéraux de faire preuve d'une « incohérence complète » en « favorisant de manière constante » ces garderies tout en disant prôner la qualité. Les gouvernements Charest et Couillard ont bonifié le crédit d'impôt destiné aux parents dont les enfants fréquentent ces établissements. Le nombre de garderies privées non subventionnées a explosé au fil du temps : on y retrouve 65 000 places aujourd'hui, contre à peine 1620 en 2003.

Si le PQ remporte les élections du 1er octobre, « il n'y aura pas de développement de places dans les garderies privées non subventionnées », a affirmé Véronique Hivon.

La qualité est moins bonne dans ces services de garde parce que leurs propriétaires cherchent à « minimiser les dépenses parce que [leur] but dans la vie, c'est de faire de l'argent », a analysé la porte-parole du PQ en matière de famille. Un gouvernement péquiste créerait plutôt des places en CPE.

Véronique Hivon a ajouté que la promesse de son parti de revenir à un tarif unique (8,05 $ par jour) pour une place dans les CPE et les autres garderies subventionnées aurait pour effet de « diminuer l'intérêt » pour les établissements non subventionnés et donc de « réduire graduellement le nombre de places » qu'on y trouve. Rappelons que le gouvernement Couillard a modulé le tarif selon le revenu familial.

« LIBERTÉ DE CHOIX »

Le ministre de la Famille, Luc Fortin, rejette les accusations du PQ. « On a toujours dit qu'on développe l'ensemble du réseau pour offrir une liberté de choix aux parents. Ce n'est pas en fermant une branche du réseau qu'on va pouvoir mieux desservir la population. La solution est d'améliorer la qualité partout, autant dans les CPE que dans les garderies privées non subventionnées », a-t-il plaidé.

Il a fait valoir qu'une loi adoptée en décembre permettra de corriger la situation. Une évaluation de la qualité sera faite pour tout service de garde avant le renouvellement du permis, par exemple. Depuis le début de l'année, une demande de permis en vue d'ouvrir une nouvelle garderie est analysée en fonction de la qualité et de la faisabilité du projet. Tous les services de garde devront se doter d'un programme éducatif. Un meilleur soutien sera également offert aux éducatrices en milieu familial.

Le député de Québec solidaire Gabriel Nadeau-Dubois reproche lui aussi aux libéraux d'avoir « alimenté le problème » du manque de qualité en misant sur les « garderies commerciales ». Il suggère de convertir celles qui le veulent en CPE.

La Coalition avenir Québec a décliné une demande d'entrevue. Au moment de son entrée en fonction l'automne dernier, sa porte-parole en matière de famille, Geneviève Guilbault, avait déclaré que les garderies privées non subventionnées étaient « un modèle d'affaires intéressant » qu'il fallait « encourager ».

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La qualité des services de garde

Garderies en milieu familial

• Qualité faible ou très faible : 21 %

• Qualité acceptable : 60 %

• Qualité bonne ou excellente : 19 %

Garderies subventionnées

• Qualité faible ou très faible : 33 %

• Qualité acceptable : 57 %

• Qualité bonne ou excellente : 10 %

Centres de la petite enfance (CPE)

• Qualité faible ou très faible : 3 %

• Qualité acceptable : 41 %

• Qualité bonne ou excellente : 56 %

Garderies non subventionnées

• Qualité faible ou très faible : 39 %

• Qualité acceptable : 52 %

• Qualité bonne ou excellente : 9 %

Source : étude de l'Observatoire des tout-petits