La vie du Lab-École du trio formé de Pierre Thibault, de Pierre Lavoie et de Ricardo Larrivée pourrait être plus longue que prévu.

Y aura-t-il cinq écoles modèles ? Dix écoles modèles ? Plus ?

« Ça va dépendre des besoins », a indiqué vendredi le ministre de l'Éducation, Sébastien Proulx, qui a passé la semaine en France avec le premier ministre Philippe Couillard. La décision sera prise plus tard, mais le gouvernement n'exclut pas l'idée de répéter l'expérience l'an prochain.

Doté d'un budget de 1,5 million par année, le Lab a été mis sur pied il y a un an pour repenser les écoles primaires et secondaires en dehors « du cadre de référence habituel ». Des murs végétaux ? Pourquoi pas ? Des bibliothèques dans les corridors ? Intéressant. Des classes qui se prolongent dehors ? Oui. Des cuisines expérimentales ? Bonne idée.

Depuis janvier, l'équipe du Lab occupe de vastes locaux baignés de lumière, au deuxième étage d'un vieil immeuble de la rue Saint-Joseph Est, à Québec, que La Presse a visités.

QUE FAIT L'ÉQUIPE DU LAB ?

Des dessins, des maquettes, des réunions et de la planification.

QUAND LES PROJETS SERONT-ILS CHOISIS ?

En mai, au plus tard en juin.

COMBIEN Y AURA-T-IL D'ÉCOLES MARQUÉES DU SCEAU « LAB-ÉCOLE » ?

Cinq, peut-être six, dans un premier temps.

Il faut savoir qu'il y a 170 projets d'écoles dans le collimateur du ministère de l'Éducation pour le Plan québécois d'infrastructure (PQI) 2018-2028. Des constructions neuves, des agrandissements et des projets de rénovation. De ce nombre, le Ministère va en sélectionner 40 ou 50 dans une semaine, en fonction de son budget.

« Les projets supervisés par le Lab-École seront des projets d'exception qui vont sortir du cadre de référence habituel, précise le ministre Proulx. Combien y en aura-t-il ? Je ne sais pas. Peut-être plus que cinq. Mais pas 25. »

« Le comité de sélection va choisir des équipes qui valorisent l'innovation et qui veulent s'y associer, ajoute l'architecte Pierre Thibault. C'est sûr qu'on va avoir une meilleure écoute pour des projets en milieux défavorisés. On veut construire à Montréal, à Québec et en région. »

COMMENT FONCTIONNE LE LAB-ÉCOLE ?

C'est une organisation sans but lucratif (OSBL), qui compte deux employés à temps plein, quelques employés à temps partiel, beaucoup de pigistes et de bénévoles. « On a suggéré au Ministère de faire un OSBL parce qu'on voulait quelque chose d'agile et d'autonome », explique Hélène Cyr, directrice générale du Lab-École. Le conseil d'administration, formé en avril 2017, compte une quinzaine de personnes.

Au cours des derniers mois, Pierre Thibault, Pierre Lavoie et Ricardo Larrivée ont visité 35 écoles : à Montréal, à Québec, à Matane, à Sherbrooke, dans les Laurentides et au Lac-Saint-Jean. « On est allés voir différents types de pédagogie », indique Pierre Thibault, qui ne compte plus les heures qu'il a consacrées à ce projet depuis ses débuts. « L'année 2017 a été la plus occupée de ma vie ! », jure-t-il.

Le Lab possède trois comités : un comité sur l'environnement physique, un autre sur les saines habitudes de vie et un dernier sur l'alimentation. Une dizaine de personnes siègent à chaque comité. Elles viennent des directions scolaires, des comités de parents, du monde de la recherche, de l'éducation, de la médecine, de l'alimentation et des organismes communautaires.

QUI EST PAYÉ ?

Hélène Cyr, directrice générale du Lab, et Dominique Lafrance, gestionnaire des opérations, sont les deux seuls employés rémunérés à temps plein. Les autres sont à temps partiel (deux jours par semaine) ou pigistes. Pierre Thibault, Pierre Lavoie et Ricardo Larrivée ne sont pas payés. « On garde la masse salariale petite, assure Hélène Cyr. On veut être flexibles. On mise aussi beaucoup sur la recherche des meilleures pratiques qui existe un peu partout au Québec et ailleurs. On dit souvent qu'il faut faire de l'exception la norme. »

QUELLES SONT LES PROCHAINES ÉTAPES ?

« Quand les projets auront été choisis, le Lab-École va créer des "équipes-écoles" composées d'un directeur, d'un prof, d'un parent, d'un employé municipal, d'un représentant du milieu communautaire, d'un jeune et d'un ancien décrocheur, dit Hélène Cyr. Et jusqu'à ce que l'école ouvre, en septembre 2021, on va travailler ensemble. »

Les professionnels (architectes et ingénieurs) qui vont concevoir et réaliser les premières écoles du Lab-École seront choisis à l'automne 2018, au terme d'un concours d'architecture. Ils auront un an pour faire les plans, avant de passer à l'étape de la réalisation. Les écoles du Lab ouvriront en septembre 2021.

« On ne s'embarquera pas la première année avec 10 écoles, mais on pourrait dire qu'on va en faire cinq la première année et cinq l'année suivante, souligne Pierre Thibault. C'est un laboratoire. C'est pour ça qu'on ne veut rien imposer. On va dépenser des milliards et des milliards dans les 10, 15 prochaines années parce qu'on n'aura pas le choix. Mais faisons-le dans l'esprit d'une école du XXIe siècle. »

QUI EST HÉLÈNE CYR, DIRECTRICE GÉNÉRALE DU LAB-ÉCOLE ?

Hélène Cyr est une survivante de la tuerie de Poly. Elle est passée de vice-présidente chez Bombardier, à Berlin, à entrepreneure humanitaire au Rwanda, où elle a bâti des écoles de métier. « [En résumé], j'ai été "carrière carrière" : vice-présidente chez Bombardier à 33 ans. J'ai adoré tout ce que j'ai fait. Mais à 38 ans, j'ai dit : "J'ai le goût de faire autre chose." Et de fil en aiguille, je me suis retrouvée au Rwanda. J'aimais le travail humanitaire, ça m'a toujours attirée. » Pourquoi diriger le Lab-École ? « Je voulais revenir pour un projet où j'allais me sentir utile », dit-elle.

Photo Jean-Marie Villeneuve, Le Soleil

L'architecte Pierre Thibault, la directrice générale du Lab-École Hélène Cyr, le co-chef de chantier Jérôme Lapierre et la gestionnaire des opérations Dominique Laflamme, devant des maquettes de ce qui sera peut-être l'école de demain.