La présidente de la Fédération des syndicats de l'enseignement (FSE), Josée Scalabrini, aurait préféré que Sébastien Proulx se repose pendant les Fêtes plutôt que d'écrire Un Québec libre est un Québec qui sait lire et écrire. Elle affirme que le ministre de l'Éducation lance des lignes « politiquement payantes » et lui demande de déclarer un « temps d'arrêt » pour trouver des solutions à la « surcharge de travail » des enseignants.

Dans son essai qui est publié aujourd'hui aux éditions Septentrion, M. Proulx invite les enseignants et tous les partenaires du milieu de l'éducation à une « réelle conversation » sur leurs conditions de travail et sur les meilleures pratiques observées à l'étranger. Il revient notamment sur « la possibilité d'offrir une formation initiale [en enseignement] menant à un diplôme de deuxième cycle » universitaire, mais aussi sur la création d'un programme pour encadrer la formation continue, la création d'un ordre professionnel et une évaluation des enseignants en milieu de travail. 

« En langage gouvernemental, je dirais qu'il faut moins de Conseil du trésor et plus de conversations franches et ouvertes entre les enseignants, leurs représentants syndicaux, le Ministère et le gouvernement », écrit le ministre dans son essai qui ne se veut pas une plateforme électorale.

Encore la faute aux enseignants, dit la FSE

Pour Josée Scalabrini, le ministre de l'Éducation vient une fois de plus mettre sur les épaules des enseignants les responsabilités des enjeux qui marquent l'école publique québécoise. 

« Les grands titres [de son livre] viennent dire que si ça va mal en éducation, c'est la faute des enseignants. Ce ne sont pas les coupures [que son gouvernement] a fait, les conditions de travail qui ne sont pas au rendez-vous, (...) c'est aux enseignants d'aller se former davantage et qu'on les évalue, pour régler les problèmes », déplore la présidente du syndicat.

« Ça nous prend un temps d'arrêt pour cesser de faire des changements à la pièce qui démantèlent le système d'éducation plutôt que le construire. (...) Il faut que tous les partenaires se parlent pour trouver des solutions et pour investir dans les écoles. Une fois qu'on aura fait ça, ça me fera plaisir d'écrire le livre avec le ministre », dit Mme Scalabrini. 

« Au Canada, les enseignants les moins bien payés sont au Québec. 20 % des finissants en enseignement quittent la profession dans leurs cinq premières années d'emploi. Que fait-on pour les garder ? », se questionne-t-elle, faisant un parallèle avec les sommes qui sont consenties en santé pour que les médecins spécialistes soient payés de façon équitable face à leurs collègues du reste du pays.

Du côté de la Fédération autonome de l'enseignement (FAE), on a publié un communiqué de presse mardi où l'on affirme que les profs n'auront « pas le temps de lire [le livre de Sébastien Proulx] (...) car ils seront en arrêt de travail, temporaire ou prolongé, pour épuisement professionnel en raison des méfaits de la gestion scolaire, et devront retrouver la santé », entre autres. 

Il faut valoriser le travail des profs, dit le PQ

Pour Carole Poirier, porte-parole du Parti québécois (PQ) en matière d'éducation, le ministre Proulx présente dans son livre une volonté de créer « des professeurs élites », notamment en parlant de formation universitaire du niveau de la maîtrise. Or, ce qu'il faut, dit-elle, c'est « de valoriser leur profession ».

« Est-ce qu'on peut donner aux enseignants plus de valorisation et de ressources dans les classes plutôt que de vouloir créer des profs d'élite ? (...) Le gouvernement a choisi de prendre 670 millions avec leur histoire de réforme de la taxe scolaire pour réduire [le fardeau fiscal] plutôt que de réinvestir cette somme dans les écoles. C'est un choix politique qui vient directement affecter les profs », affirme la députée d'Hochelaga-Maisonneuve. 

Jean-François Roberge, critique de la Coalition avenir Québec (CAQ) en matière d'éducation, a pour sa part écrit sur Twitter qu'il « salue l'audace de Sébastien Proulx (...) [car] quand les questions liées à l'éducation et à l'enseignement supérieur sont des priorités, le Québec est gagnant. »