Les écoles québécoises sont les plus inégalitaires au pays, déplore un rapport qui critique durement le gouvernement.

Dans son tout dernier rapport, le Conseil supérieur de l'éducation (CSE) estime que la «justice sociale» et les valeurs défendues collectivement sont mises en péril à l'école.

Selon cette instance consultative de réflexion, il est temps de «remettre le cap sur l'équité» en éducation et la «justice scolaire» au calendrier politique.

«Si nous poursuivons dans la voie actuelle, notre système scolaire, de plus en plus ségrégé, court le risque d'atteindre un point de bascule et de reculer sur l'équité», craignent les auteurs du rapport.

Le document constate que «la différence de performance entre les élèves des écoles défavorisées et ceux des écoles favorisées est toujours sensiblement plus importante au Québec que dans les autres provinces ou régions du Canada».

La «multiplication des programmes particuliers sélectifs et des établissements privés entraîne des inégalités de traitement au bénéfice des plus favorisés», poursuit-on, en dénonçant une «forme de ségrégation qui conduit à un système d'écoles à plusieurs vitesses».

Le Conseil critique «la logique de quasi-marché» et la concurrence qui se sont installées en éducation, qui alimente la «crise de confiance» ayant pour effet de fragiliser le système public.

Ainsi, ceux qui profitent des meilleures conditions pour apprendre ne sont pas ceux qui en auraient le plus besoin, «ce qui est contraire à l'équité», conclut le Conseil.

Le système scolaire contribuerait donc à reproduire les inégalités sociales. Les élèves en difficulté et provenant de milieux pauvres sont surreprésentés dans les classes ordinaires des écoles publiques.

«Le système «échappe» une proportion plus importante d'élèves ou de personnes de milieux défavorisés, ce qui perpétue le cycle de la pauvreté et de l'exclusion sociale», peut-on lire.

Le Conseil supérieur de l'éducation préconise à l'inverse une plus grande mixité sociale et scolaire. De nombreuses recherches ont montré que les groupes hétérogènes sont à la fois «les plus efficaces et les plus équitables», fait valoir le rapport.

«La tendance à l'homogénéisation des classes ne compte pas de façon significative pour les élèves qui apprennent facilement», alors qu'elle est «particulièrement défavorable» à ceux qui sont plus vulnérables, constate le Conseil.

«Le Conseil y voit donc une sérieuse menace non seulement pour l'équité du système, mais aussi pour son efficacité globale.»

L'organisme prône des investissements du gouvernement pour offrir «une qualité satisfaisante dans tous les établissements». Il réclame aussi de «s'attaquer fermement aux causes de la pauvreté plutôt que de chercher à en amoindrir les effets».

La Coalition avenir Québec (CAQ) a vu dans ce rapport le bilan de 13 années de gouvernement libéral. Il s'agit du «pire réseau d'éducation au Canada», a dénoncé le porte-parole caquiste en matière d'éducation, Jean-François Roberge.

«Est-ce assez gênant?, a déclaré le député de Chambly à la période de questions. Ça veut dire que les jeunes pauvres en difficulté vont attendre très longtemps pour un diagnostic, ils n'auront pas les services spécialisés, ils n'auront pas accès aux programmes stimulants, pas d'activités parascolaires, pas de sport-études. Tu nais pauvre, tu décroches.»

Le ministre de l'Éducation, Sébastien Proulx, a balayé les critiques et ridiculisé les remarques du porte-parole de la CAQ.

«Le député de Chambly a dit: nous avons le pire réseau d'éducation au Canada. (...) Ce n'est pas pour cette raison-là qu'on travaille tous les matins, ce n'est pas pour cette raison-là qu'on investit des milliards de dollars en éducation chaque année (...). L'éducation, c'est un ascenseur social et tout le monde pourront (sic) le prendre.»

Rappelons que le Conseil supérieur de l'éducation est un organisme gouvernemental autonome de réflexion qui conseille le ministre sur toute question relative à l'éducation.