Deux fédérations étudiantes demandent à Québec de remettre «dans la poche des étudiants» les 80 millions de dollars attendus en nouveaux fonds fédéraux.

Dans le budget Morneau, Ottawa a annoncé une bonification de 300 millions de dollars par an de son programme de bourses destinées aux étudiants. Il le finance par l'abolition des crédits d'impôt pour études et manuels scolaires.

Comme il a son propre programme d'aide financière aux études, Québec exercera son droit de retrait avec pleine compensation financière. Il s'attend ainsi à recevoir environ 80 millions d'Ottawa, sans condition. Le ministre des Finances, Carlos Leitao, a dit à La Presse en mars que la cagnotte «ira à l'Enseignement supérieur», sans donner plus de précisions.

Mais pour l'Union étudiante du Québec (UEQ) et la Fédération étudiante collégial du Québec (FECQ), les 80 millions doivent servir à une seule fin: bonifier le programme québécois de prêts et bourses. Les deux fédérations font de cet enjeu leur «priorité nationale» pour 2016-2017. Elles en ont convenu lors de leur congrès d'orientation respectif le week-end dernier.

Elle a fait valoir que les étudiants québécois pouvaient toucher les crédits d'impôt qu'Ottawa a décidé d'abolir pour financer ses nouveaux investissements. Ils essuieraient donc une perte de revenus si Québec les privait de la compensation de 80 millions en provenance d'Ottawa.

Il est également «logique» que cet argent serve à bonifier les prêts et bourses au Québec puisque c'est ce que veut faire Ottawa avec ses nouveaux investissements dans les autres provinces, a ajouté le président de l'UEQ, Nicolas Lavallée. Selon lui, la ministre de l'Enseignement supérieur, Hélène David, «a semblé ouverte à l'idée, mais elle n'a pas voulu prendre d'engagement clair non plus».

Dépenses admises et pensions alimentaires

Les fédérations étudiantes demandent que les 80 millions d'Ottawa servent à financer deux mesures : 

• Augmenter les dépenses admises dans le calcul de l'aide financière aux études. Les «frais de subsistance», les dépenses liées au logement et à la nourriture, s'élèvent à 837 $ par mois pour un étudiant à temps plein qui ne réside pas chez ses parents. Ces frais sont indexés chaque année depuis 2007, mais ils ne l'ont pas été pendant 8 des 20 dernières années. De 1994 à 2014, le coût de la vie a augmenté de 44,4% alors que les frais de subsistance ont augmenté de 18,8%. Les fédérations calculent que le «retard» se chiffre à 127,4 millions, ou 106 $ par mois par étudiant.

• Retirer les pensions alimentaires pour enfant du calcul de l'aide financière aux études. À l'heure actuelle, elles sont considérées comme un revenu pour l'étudiant. Elles viennent donc réduire ses chances d'obtenir de l'aide. Près de 3000 étudiants seraient touchés. Cette mesure coûterait 2,6 millions, selon les fédérations.

La FECQ représente 65 000 étudiants répartis dans 22 cégeps; l'UEQ, 72 000 provenant de 5 universités.