La réforme de l'enseignement de l'histoire du Québec et du Canada au secondaire n'aura pas lieu à l'automne prochain comme prévu, a confirmé le ministère de l'Éducation, jeudi.

Au lieu de cela, le ministère effectuera des changements au programme pour qu'il reflète mieux les minorités culturelles et linguistiques de la province, selon une source au ministère de l'Éducation et d'autres sources bien au fait du dossier.

Le plan controversé a été présenté par le gouvernement du Parti québécois avant qu'il ne perde l'élection de 2014 et faisait l'objet d'un projet pilote dans quelques écoles du Québec.

La porte-parole du ministère, Marie-Ève Dion, a précisé que les écoles qui veulent tenter l'expérience du nouveau programme en août 2016 pourront le faire tandis que les autres pourront conserver l'ancien programme jusqu'à nouvel ordre.

« Plusieurs consultations ont été menées et des améliorations sont constamment mises en oeuvre, a-t-elle déclaré dans un courriel. Le but est de rendre le cours aussi représentatif et inclusif que possible. »

Le programme devait être introduit à l'échelle de la province au cours de l'année scolaire 2016-2017, qui s'amorce à la fin du mois d'août.

« Voilà une excellente nouvelle », s'est réjouie Sylvia Martin-Laforge, directrice de Quebec Community Groups Network, un organisme sans but lucratif, financé par Ottawa, qui défend les intérêts des Anglo-Québécois. « Nous en venons à la conclusion que le ministre (Proulx) n'était pas satisfait du programme. (Le ministère) était prêt à aller de l'avant mais le ministre a eu le courage de dire non. »

La réforme, amorcée par l'ancien gouvernement péquiste en février 2014, est le fruit d'un rapport réalisé par les universitaires Jacques Beauchemin et Nadia Fahmy-Eid, à la suite d'une consultation de quelques semaines. Cette réforme avait ensuite été suspendue par les libéraux à leur arrivée au pouvoir en avril 2014, mais elle avait été finalement remise sur les rails par le ministre Yves Bolduc, et conservée par son successeur, François Blais.

Le troisième libéral aux commandes à l'Éducation, Sébastien Proulx, donne maintenant un coup de frein à cette réforme.

Le programme proposé de deux ans, nommé Histoire du Québec et du Canada, a été largement critiqué par les groupes des Premières nations, ainsi que par les minorités culturelles et linguistiques à travers la province.

Des documents obtenus par La Presse Canadienne ont révélé que les immigrants autres que les francophones européens étaient modestement mentionnés dans le programme.

Dans les lignes directrices utilisées par les enseignants pour établir leur plan de cours, la Confédération de 1867 n'est pas un thème, mais elle est enfouie dans une section nommée : « 1840-1896 : La formation du système fédéral canadien ».

Mme Martin-Laforge espère maintenant que le nouveau programme ne présentera pas les communautés culturelles de façon stéréotypée et ne les dépeindra pas comme des « méchants ».