Loin de renforcer la place des parents dans les organes décisionnels, la réforme de la gouvernance scolaire « risque très fortement de fragiliser leur rôle », a soutenu le comité de parents de la Commission scolaire de Montréal (CSDM), hier, au premier jour des consultations sur le projet de loi 86.

Sa vice-présidente, Julie Wagner, a demandé au gouvernement de « refaire ses devoirs ». « Ce projet de loi fait exactement l'inverse de ce qu'il annonce et de ce qu'il prétend vouloir changer », a-t-elle plaidé.

Visiblement étonné par cette sortie, le ministre de l'Éducation, Pierre Moreau, a rappelé que le projet de loi prévoit que 6 des 16 membres des futurs conseils scolaires seront des parents et qu'ils auront désormais le droit de vote.

« Le problème, a répliqué Mme Wagner, c'est que c'est accompagné de l'interdiction pour tout parent de rester dans la structure parentale. »

« En étant membre du comité de parents, on apprend des choses, on comprend ce qui se passe sur le terrain. En étant déconnecté de cette structure parentale, on prend des décisions sans nécessairement en comprendre les impacts. »

Julie Wagner a également souligné que le projet de loi 86 « nous dirige tout droit vers une hypercentralisation des pouvoirs entre les mains de ministres de l'Éducation qui sont en moyenne remplacés tous les 18 mois depuis 10 ans ». Or le réseau scolaire a grandement besoin de « stabilité », a-t-elle ajouté.

Arrimage des élections scolaires et municipales

Le comité de parents de la CSDM a plaidé pour le maintien des élections scolaires. Il faudrait les jumeler avec les scrutins municipaux pour rehausser le taux de participation, selon lui. Quelques instants plus tôt, et sans surprise, la présidente de la CSDM, Catherine Harel Bourdon, a fait la même demande et décrié le contenu du projet de loi.

Par ailleurs, le ministre a ouvert la porte à prendre plus de temps que prévu pour adopter le projet de loi 86.

« On va faire les choses dans l'ordre », a déclaré M. Moreau, qui était en congé forcé en raison d'un virus depuis sa nomination comme ministre de l'Éducation, le 28 janvier. « L'objectif n'est pas de savoir à quelle heure et à quelle date le projet de loi sera adopté. »

« L'objectif est d'adopter le meilleur projet de loi en gardant l'orientation que nous avons, celle de rapprocher le pouvoir des écoles. »

Selon le projet de loi, les commissaires actuels perdraient leur poste dans les 15 jours suivant l'adoption de la loi. Les nouveaux conseils scolaires seraient en fonction pour la rentrée de 2016.

C'est « trop tôt » pour savoir si cet échéancier sera effectivement respecté, a dit M. Moreau. Il a laissé entendre que l'adoption de la réforme pourrait être reportée à l'automne. Les consultations en commission parlementaire ont commencé hier avec plus de deux semaines de retard. M. Moreau s'est montré ouvert à entendre plus de groupes que prévu.