Au lieu de présenter des excuses à ses fonctionnaires, le ministre de l'Éducation, François Blais, devrait plutôt demander pardon aux enfants en difficulté dont il brise les vies, suggère la Coalition avenir Québec (CAQ) dans une sortie cinglante contre le ministre vendredi.

Le ministre avait laissé entendre au cours d'une réunion récente que son ministère était «vieillot», travaillait avec des données peu fiables, et que certains employés pourraient être poussés vers la porte.

Ces propos ont dû déranger bien du monde dans les officines, puisqu'il a fait son mea culpa, jeudi, dans un message à son personnel obtenu par La Presse Canadienne. Dans sa note qui visait vraisemblablement à rétablir les ponts, il réitérait sa confiance en ses fonctionnaires.

Or de l'avis du porte-parole caquiste en matière d'éducation, Jean-François Roberge, il se passe pourtant des choses bien plus graves actuellement dans le réseau.

Les vagues de compressions effectuées en vue d'atteindre le déficit zéro font mal aux écoles, en raison notamment de la réduction des services et du soutien aux élèves en difficulté d'apprentissage, dénoncent les partis d'opposition jour après jour.

«Ce qu'il est en train de faire aux élèves, particulièrement aux élèves en difficulté, c'est beaucoup plus grave, a dit M. Roberge, en entrevue téléphonique avec La Presse Canadienne vendredi. Alors moi, je l'invite à présenter ses excuses aux élèves en difficulté.»

Car François Blais est soit «déconnecté, soit insensible» quand il répète en Chambre qu'il s'agit d'une simple année difficile à passer, le temps de rétablir l'équilibre budgétaire, estime le député caquiste de Chambly.

«François Blais est en train de faire un Bolduc de lui-même»

«Je l'appelle mon ministre Ponce Pilate, il s'en lave les mains», a-t-il poursuivi, en ajoutant que des enfants auront à vivre avec des séquelles peut-être pour le reste de leurs jours.

«C'est possible que les services reviennent, mais pour les enfants, l'année scolaire 2015-2016 ne reviendra jamais. Il y a des enfants qui sont en train d'échouer leur année, de perdre leur estime de soi, le goût de l'école. Le gouvernement aura beau réinvestir dans deux ans, cela ne reviendra pas. Ça, c'est grave. Il y a des vies en jeu, il y a quelque chose qui se brise à l'intérieur, qui ne pourrait jamais être réparé», a-t-il dit.

Les enseignants avaient espoir d'un retour à la stabilité après la démission du ministre Yves Bolduc en février, mais ils sont maintenant «désabusés», a soutenu M. Roberge, lui-même issu du milieu de l'éducation, et qui dit rencontrer régulièrement des professeurs.

«François Blais est en train de faire un Bolduc de lui-même», a-t-il dit, en faisant référence à son prédécesseur à l'Éducation, qui était connu pour ses déclarations maladroites.

Le porte-parole caquiste appelle M. Blais à aller sur le terrain, voir de visu les conséquences des compressions dans les écoles. Il l'accuse de n'avoir visité aucune école sur l'île de Montréal, un milieu reconnu comme exigeant, en raison du contexte multiethnique, des problèmes de pauvreté, des infrastructures qui se dégradent, etc.

Rappelons que dans une réunion le 18 septembre dernier avec des représentants du milieu universitaire, le ministre s'est inquiété du fait que son ministère était «vieillot» et que les gens travaillaient «très peu avec les résultats de la recherche». Il s'étonnait aussi du peu de données fiables dont il peut disposer et de la lenteur avec laquelle les réponses arrivent, pouvait-on lire dans le compte-rendu.

Dans sa note envoyée jeudi à son personnel, le ministre a tenu à faire un mea culpa. «Je tiens à vous réitérer toute ma confiance. Sachez que je reconnais pleinement l'expertise professionnelle de tous les secteurs d'activité du ministère», a-t-il écrit.

Le ministère de l'Éducation vit plusieurs chamboulements depuis l'arrivée de M. Blais, après la démission d'Yves Bolduc en février dernier. Plusieurs hauts dirigeants ont été mutés et remplacés, et en outre une fusion a été menée rapidement avec le défunt ministère de l'Enseignement supérieur créé sous le gouvernement Marois.