Au moins 175 postes (sur quelque 15 000) seront supprimés en 2015-2016 à la Commission scolaire de Montréal (CSDM), qui est menacée d'être mise en tutelle par le gouvernement Couillard. Cela n'inclut pas les coupes parmi le personnel enseignant et les directions d'école, qui sauront mieux ce qui les attend au cours des semaines à venir.

Obligée d'adopter un programme minceur, et aux prises avec des déficits chaque année depuis 2008, la CSDM a dévoilé hier son plan d'effectifs pour 2015-2016 lors d'un conseil extraordinaire des commissaires. Environ 200 syndiqués en colère se sont présentés à l'assemblée, une vingtaine d'entre eux défilant au micro pour enjoindre aux commissaires de refuser les mesures d'austérité exigées de Québec.

Parmi les premiers emplois menacés se trouvent 71 postes de professionnels et 65 postes de soutien en 2015-2016.

« C'est avec une immense tristesse que nous nous voyons dans l'obligation de procéder à des coupes de services. », a dit Catherine Harel Bourdon, présidente de la CSDM.

Devant les syndiqués présents qui chahutaient et qui criaient aux commissaires de se tenir debout, Mme Harel Bourdon a signalé qu'elle partageait leur désarroi, disant que « la CSDM n'est pas une usine » ni « une chaîne de montage », mais que sa mission est d'oeuvrer à la réussite de ses élèves.

« Traître », « vendue », « vous laissez tomber les élèves », « bande de lâches », ont crié des syndiqués, qui faisaient tant de bruit que la présidente a dû ajourner la séance avant que l'ordre du jour n'ait été épuisé.

Mais voilà, elle doit faire des coupes. Les conseillers pédagogiques devraient écoper particulièrement dans cette première vague de suppressions avec l'abolition de 39 postes. En 2015-2016, il devrait rester par ailleurs 38 conseillers d'orientation et 32 psychologues pour toute la CSDM.

Mme Harel-Bourdon a précisé que 25 % des postes supprimés le seront au siège social, parmi le personnel administratif.

Inquiétudes

Parmi les questions posées par des syndiqués, hier : pourquoi la CSDM cherche-t-elle à recruter des psychologues, alors qu'elle s'apprête à en mettre à pied ? La CSDM s'apprête-t-elle vraiment à supprimer des postes dans des bibliothèques scolaires pour remplacer ces employés par des élèves qui sont tenus dans leur programme de faire un certain nombre d'heures de bénévolat chaque année ?

Catherine Renaud, présidente de l'Alliance des professeurs, craint que la CSDM n'en vienne à des dépassements de ratios élèves/enseignant. Déjà, avant même que les coupes soient faites, Mme Renaud calcule qu'il manque, par exemple, 50 enseignants orthopédagogues pour répondre aux besoins.

Dans certains milieux - ceux qui comptent beaucoup d'élèves présentant des problèmes graves de comportement -, « on commence à s'inquiéter pour la sécurité même des élèves et des enseignants ».

La CSDM devra vraisemblablement réduire ses dépenses de 40 à 60 millions sur deux ans. Son budget annuel est de près de 1 milliard.

Un portrait plus précis des coupes à venir pourra être brossé la semaine prochaine lorsque la CSDM déposera ses prévisions budgétaires.