Trois professeurs en sociologie de l'Université du Québec à Montréal (UQAM) ne tarissent pas d'éloges envers Hamza Babou, ce leader étudiant détenu d'ici à son procès, qui s'est tourné vers la Cour supérieure pour demander sa libération.

L'avocate de M. Babou, Me Véronique Robert, a ainsi joint des lettres écrites par trois de ses professeurs en soutien à sa requête pour révision d'une ordonnance de détention déposée lundi au palais de justice de Montréal.

Professeure au département de sociologie de l'UQAM, Elsa Galerand parle d'un étudiant «curieux, dynamique et engagé avec le plus grand sérieux dans son travail universitaire».

Son confrère Marcelo Otero décrit M. Babou comme un «passionné de sociologie et un citoyen engagé en de multiples causes qui touchent la justice sociale et l'accès de plus en plus grand à l'éducation supérieure».

«Sa participation en classe et le contenu de ses interventions démontrent un travail de lecture très important et une capacité d'analyse assez exceptionnelle», écrit une troisième professeure, Elisabeth A. Abergel. Cette dernière lui prédit «un brillant avenir académique».

Ces lettres ont été écrites au lendemain de l'arrestation de M. Babou, avant que l'étudiant en sociologie ne se voie refuser sa remise en liberté au terme de son enquête sur cautionnement, le 17 avril dernier.

M. Babou fait face à 14 chefs d'accusation de voies de fait, agression armée, méfait, menace, attroupement illégal et harcèlement criminel. Ces crimes allégués auraient été commis lors de levées de cours houleuses - le 27 mars et le 15 avril - dans le contexte de la grève étudiante à l'UQAM.

Le juge Denis Laberge a estimé que la libération du militant, figure de proue du mouvement étudiant de l'UQAM, nuirait à la protection du public en plus de miner la confiance de ce dernier dans le système de justice.

Le magistrat avait alors reproché à Hamza Babou de ne pas avoir respecté l'injonction prononcée par la Cour supérieure, à la demande de l'UQAM, autorisant la tenue des cours.

Dans sa requête, Me Robert allègue que cette décision est «entachée de nombreuses et sérieuses erreurs de droit». Le juge Laberge a accordé «un poids démesuré au non-respect d'une injonction par les étudiants grévistes», affirme l'avocate de la défense dans sa requête de 11 pages.

Toujours selon l'avocate, le juge de la Cour municipale a confondu le concept juridique de «public bien informé» décrit par les tribunaux avec «l'opinion publique, c'est-à-dire monsieur et madame Tout-le-Monde qui lit les journaux et écoute les nouvelles».

En soutien à sa requête, l'avocate a reproduit des extraits de la décision du juge Laberge. «À lire les journaux et écouter les nouvelles, j'ai personnellement l'impression que l'opinion publique est un peu à bout avec cette histoire», a dit le magistrat au moment de rendre sa décision, le 17 avril dernier.

Cela fait dire à l'avocate que le juge Laberge «refuse la remise en liberté de l'accusé pour donner l'exemple (de manière à aider le service de sécurité de l'UQAM à faire respecter l'injonction)».

Concernant l'accusation d'agression armée, l'avocate précise dans sa requête, avec photo à l'appui, que l'arme alléguée est un aérosol baptisé «serpentins délirants» utilisé dans les fêtes d'enfants.

L'étudiant de 23 ans s'engage à ne pas retourner à l'UQAM avant le trimestre d'automne «ou tant que le calme ne sera pas revenu sur le campus». La requête est fixée pour la forme devant la Cour supérieure le 1er mai.