Avec l'espoir de donner un nouveau souffle au mouvement contre l'austérité, des étudiants ont décidé lundi d'occuper les terrains du cégep de Saint-Laurent, à Montréal. Ils invitent d'autres acteurs des mouvements sociaux à faire de même sur les campus québécois et dans leurs milieux de travail.

En fin de journée, plusieurs étudiants se préparaient à passer la nuit sur le terrain qui se trouve à l'avant du pavillon principal de l'institution d'enseignement. Le campement a été mis en place très tôt lundi matin, à la surprise de la direction du cégep.

Entre soixante et cent personnes étaient attendues pour la nuit, selon un organisateur qui a refusé de s'identifier.

Certains occupants étaient à monter des tentes et à installer des banderoles au moment du passage de La Presse Canadienne.

La direction du Cégep Saint-Laurent a toléré toute la journée la présence du campement sur ses terrains. Des discussions sont en cours avec les étudiants dans le but d'arriver à une «entente mutuelle», a fait savoir la directrice des communications, Louise Lavallée.

Contrairement à la situation à l'Université du Québec à Montréal (UQÀM), la direction du cégep de Saint-Laurent a décidé de ne pas faire appel aux forces policières. L'institution se dit «en mode solution», insiste Mme Lavallée.

Communauté étudiante partagée

Alexandre, un étudiant du cégep qui a refusé de donner son nom de famille, est l'un des participants à cette occupation, inspirée par le mouvement «occupy» qui a fait les manchettes en 2011.

«Dans tous les mouvements, la majorité de la population n'est pas d'accord jusqu'au moment où ils subissent eux aussi les conséquences du système. Notre but n'est pas de faire la révolution, même si certains le voudraient, le vrai objectif c'est de faire vivre l'idée jusqu'à ce que les gens se joignent à nous», a-t-il expliqué.

Certains participants à l'occupation du terrain du cégep ne sont pas issus de la communauté étudiante, admet-il. En journée, des groupes impliqués dans le mouvement de pression du printemps 2015 invitaient d'ailleurs les gens à venir appuyer les occupants du cégep, soit en participant à l'action ou en leur amenant du matériel.

«Notre campement n'est pas dépendant au système capitaliste. On prend notre nourriture dans les poubelles avec un groupe que nous appelons les «chasseur-cueilleurs». Nous pouvons tenir ici plusieurs jours», a laissé tomber Alexandre.

Plusieurs autres étudiants du cégep rencontrés par La Presse Canadienne disaient vaquer à leurs occupations et ne pas être intéressés à se mêler au groupe de protestataires.

«Je suis en faveur du mouvement contre l'austérité, mais l'occupation en cours ça devient de l'acharnement. Ils ne savent plus quoi faire pour que ça survive. C'est assez extrême, je ne vois pas où ça peut mener», a confié une étudiante, qui a préféré taire son nom.

Après avoir été en grève pendant plusieurs jours, les étudiants de l'institution d'enseignement ont repris la voie des classes la semaine dernière. Les participants à l'occupation continuent d'ailleurs d'aller à leurs cours, tout en s'étant installés sur le campement.