La disparition du ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche, de la Science et de la Technologie (MESRST) déçoit les acteurs du milieu de l'éducation postsecondaire - mais aussi et surtout, son ancien titulaire.

Le MESRST aura officiellement existé pendant à peine trois mois: le projet de loi 45 visant la création juridique du ministère avait fait l'objet d'interminables débats en commission parlementaire avant d'être finalement adopté, le 5 décembre 2013.

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Les péquistes avaient accusé les députés du Parti libéral du Québec (PLQ) de faire de l'obstruction. Son ancien titulaire, Pierre Duchesne, l'avait dénoncé à maintes reprises.

Le candidat défait dans la circonscription de Borduas s'est dit attristé de la refonte annoncée mercredi par le nouveau premier ministre libéral Philippe Couillard.

«Je déplore la disparition, d'une certaine façon, du ministère de l'Enseignement supérieur. Il y avait, sous l'ancien gouvernement, deux ministres consacrés à l'éducation. (...) On était deux et on avait les mains pleines, moi et Mme (Marie) Malavoy», a-t-il laissé tomber en entrevue téléphonique avec La Presse Canadienne.

«Je dirais que le nouveau gouvernement fait reculer l'éducation comme priorité», a-t-il poursuivi, disant avoir été «surpris» de la nomination d'Yves Bolduc à la tête de la nouvelle mouture du ministère de l'Éducation.

Le MESRST avait été créé dans la foulée de la crise étudiante. Il a été à l'origine du Sommet sur l'enseignement supérieur de février 2013, lequel a mené à la création de cinq chantiers dont le sort demeure à déterminer.

En annonçant la composition de son conseil des ministres, mercredi, le premier ministre Couillard a confirmé ce que redoutaient les deux fédérations étudiantes collégiale et universitaire ainsi que la Confédération des syndicats nationaux (CSN).

Ces derniers avaient interpellé les libéraux au lendemain des élections afin de plaider en faveur du maintien de ce ministère, que la CSN considérait comme un «puissant levier de développement».

Mais comme l'a confirmé le premier ministre fraîchement assermenté au Salon rouge de l'Assemblée nationale, l'ancien ministre de la Santé sous Jean Charest, Yves Bolduc, hérite d'un ministère de l'Éducation qui englobe le dossier de l'Enseignement supérieur.

«C'est un recul, parce que ce ministère-là permettait de faire progresser plus rapidement des projets pour les réseaux collégial et universitaire et de mieux prioriser les enjeux auxquels ils faisaient face et d'y répondre de façon plus systématique», a fait valoir la présidente de la Fédération étudiante collégiale du Québec, Éliane Laberge.

La leader étudiante, dont le mandat se terminera le 1er juin, a affirmé qu'elle «interprétait plutôt mal» la décision des libéraux de fusionner de nouveau le ministère. Sport, loisirs, enseignements préscolaire, primaire, secondaire, collégial et universitaire: les dossiers sont nombreux et la tâche sera «colossale», a prédit Mme Laberge.

Même son de cloche du côté de la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ).

«Les enjeux de l'enseignement supérieur et ceux des réseaux primaire et secondaire sont clairement différents. Ça prendrait quelqu'un dont la tâche porte à 100 pour cent sur l'un et l'autre, pas les deux en même temps», a souligné le président du regroupement, Tierry Morel-Laforce.

De son côté, le Bureau de coopération interuniversitaire (BCI), anciennement connu sous le nom de la CREPUQ, n'a pas souhaité réagir au retour du ministère de l'Enseignement supérieur dans le giron de celui de l'Éducation.

«Le Bureau de coopération interuniversitaire n'a plus le mandat d'intervenir publiquement sur de tels enjeux», a écrit dans un courriel Danielle Briand, secrétaire du regroupement.

«Notre service des communications a été aboli l'an dernier à la suite de la restructuration de notre entreprise», a-t-elle ensuite précisé.

Quant à l'Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ), qui avait boycotté le Sommet de l'éducation, elle n'a pas souhaité réagir dans l'immédiat.