Bien que le taux d'obtention de diplôme soit en constante hausse au Québec, de véritables fossés séparent encore certaines régions. Alors que Chaudière-Appalaches brille plus que n'importe qui, l'Outaouais, Lanaudière et le Nord-du-Québec voient plus d'un élève sur quatre quitter l'école sans diplôme. Dans la région métropolitaine, Montréal ne fait pas de vagues.

Entre 1971 et 2011, le taux d'obtention d'un diplôme par les moins de 20 ans est passé de 44% à 75% au Québec. «On s'améliore», se réjouit Michel Perron, titulaire de la Chaire de recherche sur les conditions de vie, la santé et les aspirations des jeunes de l'Université du Québec à Chicoutimi et du cégep de Jonquière.

Mais les disparités persistent. Par exemple, dans la région de Chaudière-Appalaches, 76% des jeunes de moins de 20 ans obtiennent un diplôme en cinq ou en sept ans, ce qui place la région en tête du palmarès. À l'autre bout du spectre, dans le Nord-du-Québec, seulement 39% des jeunes décrochent un diplôme. Juste devant, Lanaudière et l'Outaouais frôlent la note de passage avec des taux d'obtention de diplôme respectifs pour le même groupe d'âge de 64% et 66%.

«Il n'y a pas de recette du succès. C'est un enchevêtrement de facteurs», indique Michel Perron.

Règle générale, les régions rurales offrent de moins bonnes performances que les milieux urbains; les milieux forestiers, moins que les environnements agricoles. L'éloignement des écoles y est pour quelque chose. Lanaudière, par exemple, n'a que deux cégeps pour 477 000 habitants et un territoire de 12 000 km2.

«Les élèves n'ont pas les mêmes aspirations scolaires en milieu rural qu'en milieu urbain, ajoute M. Perron. C'est souvent lié à la scolarité et à l'engagement des parents.»

L'enracinement, l'attachement aux écoles et la mobilisation du milieu sont aussi primordiaux à la réussite. Le Bas-Saint-Laurent en est un exemple flagrant.

Parmi les meilleurs sur le plan de l'obtention de diplôme des moins de 20 ans, la région est aussi celle qui a le taux de décrochage au secondaire le moins élevé de toute la province.

«C'est une région qui a une longue histoire de scolarisation, dit M. Perron. Elle n'allait pas très bien, et il y a eu une mobilisation massive pour rétablir la situation.»

Au coeur de cette prise de conscience: le regroupement COSMOSS (Communauté ouverte et solidaire pour un monde outillé, scolarisé et en santé), créé en 2004 notamment pour lutter contre le décrochage.

«À l'époque, on était un projet très novateur», raconte la porte-parole Véronique Gagné.

COSMOSS regroupe au tour d'une même table des intervenants de tous les horizons: santé, emploi, culture, sport, milieu scolaire. «On cible les problèmes et on trouve les solutions ensemble. Comme ça, on évite les vides de service.»

C'est un succès. Les chiffres le prouvent.