L'échec des négociations avec le gouvernement Marois a semé la zizanie chez les garderies privées subventionnées.

L'Association des garderies privées (AGPQ) va tenter mardi en assemblée générale d'isoler l'organisation minoritaire rivale, le Regroupement des garderies privées (RGPQ), qu'elle accuse de s'être fait rouler dans la farine par la ministre de la Famille, Nicole Léger.

Plus de 450 propriétaires, membres ou sans affiliation, ont confirmé leur présence à l'assemblée générale pendant laquelle ils vont être invités à donner à l'AGPQ le mandat de négocier en leur nom, a indiqué le président de l'AGPQ, Sylvain Lévesque.

Selon lui, de nombreux propriétaires affiliés au RGPQ - qui en compte au total 149 -  sont en colère contre leurs représentants et prendront part à l'assemblée.

«Leurs membres nous appellent, a-t-il affirmé. On a ouvert l'assemblée à tout le réseau, les 650 (propriétaires) sont invités. On va prendre un vote de tous les membres et non-membres pour négocier en leur nom. On ne va pas demander aux non-membres de payer la cotisation s'ils ne veulent pas, mais on va prendre un vote comme quoi l'AGPQ représente toutes les garderies présentes à l'assemblée générale».

Le volubile porte-parole se réjouit du rejet par les membres du RGPQ de l'entente de principe controversée conclue avec Québec la semaine dernière, mais il reproche aux dirigeants de l'organisme de s'être laissé berner par la ministre avec un règlement qui ne tenait pas la route.

L'entente avortée prévoyait le maintien des compressions de 14,9 millions $ pour cette année avec une formule de modulation en fonction des salaires versés aux éducatrices. En résumé, les garderies avec les salaires les plus élevés étaient moins durement touchées par les compressions que les autres établissements, une formule que l'AGPQ juge inéquitable et inacceptable.

«Je ne peux pas travailler avec un c.a. et un exécutif qui ont vendu le réseau. Les gens nous disent: ils ont vendu notre réseau. Ils ont négocié avec la ministre pour nous diviser, ils se sont laissé enfirouaper», a lancé M. Lévesque.

Au cours de l'assemblée générale, les participants vont aussi adopter une motion de non-confiance envers la ministre Léger, exiger l'intervention d'un médiateur, avaliser des coupes de services et mettre de l'avant de nouveaux moyens de pression contre les compressions. Pour échapper aux sanctions, l'AGPQ évite de parler de grève mais va demander aux parents de ne pas se présenter certains jours dans les services de garde.

Pour M. Lévesque, l'heure n'est plus au compromis avec la ministre Léger après son rejet, jeudi, de l'offre que lui avait soumise l'AGPQ.

«Elle a refusé l'offre, on ne revient plus en arrière, c'est ce que nos membres nous disent et c'est ce qu'on va faire entériner demain (mardi)», a-t-il dit.

L'AGPQ souhaitait obtenir, en échange des compressions de 14,9 millions $, le devancement d'un an de la subvention prévue en 2017 pour l'atteinte de l'équité salariale entre les travailleuses des Centres de la petite enfance (CPE) et celles des établissements privés.

Sans aborder la question des tiraillements internes, la porte-parole du RGPQ, Julie Plamondon, a plaidé lundi pour la création d'un front commun de l'ensemble des garderies privées, alliées avec les parents, pour faire fléchir la ministre et soulever un débat sur le financement des services de garde.

«Ce n'est pas vrai qu'on va contribuer à l'injustice au Québec», a-t-elle dit.

Les CPE ont peut-être reçu une facture de 31 millions $, mais il s'agit là d'argent public, a fait remarquer Mme Plamondon.

«Tandis que nous, on nous demande de donner de notre argent», a-t-elle déclaré.