En multipliant les projets, les sorties culturelles et les activités parascolaires, l'école Champlain tente d'offrir aux élèves un monde auquel ils n'auraient peut-être pas accès autrement.

Ce dynamisme dépasse d'ailleurs les murs de l'école. Les organismes communautaires sont nombreux dans le quartier et la mobilisation des citoyens est visible. Chacun essaie de s'entraider pour éviter que des enfants traînent dans les rues.

Si une famille passe au feu, tout un mouvement de solidarité s'organise pour l'aider. Des parents débordés semblent laisser leurs enfants seuls à la maison trop souvent? Une famille va les prendre pour la fin de semaine.

Il y a quelques années, c'est le Centre Poupart, implanté dans le quartier depuis des décennies, qui était en difficulté financière au point de devoir renoncer à sa fête de Noël. Une résidante du quartier, qui venait de gagner à la loterie, a acheté des cadeaux à tous les enfants et payé l'organisation de la fête qui a finalement eu lieu. Tous s'en souviennent encore.

Le Centre Poupart a vu grandir des générations d'enfants. Ils se réunissent le soir et le samedi pour jouer à l'ordinateur, discuter et, surtout, participer aux ateliers d'arts et de cinéma. Le Centre organise chaque année un grand spectacle où participent même les anciens, aujourd'hui devenus adultes. L'été, les enfants bénéficient d'un camp de vacances à prix modique.

«Le Centre Poupart a sauvé bien des jeunes», affirme Karine Trudel, mère de trois enfants, qui a été élevée dans le quartier.

Depuis l'an dernier, le Centre organise aussi des activités parascolaires en chant et en cinéma à l'école Champlain, située à un jet de pierre. Des activités très courues.

Dans les murs de l'école, les élèves ont aussi la chance de faire du karaté ou de jouer au soccer.

Dans le gymnase où Sylvie Harvey, technicienne en éducation spécialisée, donne son cours de karaté, tout est calme. Souvent agités dans les classes, les élèves se transforment au cours de karaté. Ils sont sages, appliqués, concentrés.

Ils apprennent bien plus que les rudiments du karaté. «Ils apprennent le respect, ils apprennent à se maîtriser, à se dépasser, ils prennent confiance en eux. Ils font preuve de courage, de ténacité», se réjouit Mme Harvey.

L'école mise aussi sur la musique. Des airs de piano résonnent sur l'heure du midi et aux récréations, quand les élèves répètent leurs pièces.

Malgré le fait que sa famille s'en tire bien, Stéphanie Woods, mère de cinq enfants, reconnaît qu'il lui serait difficile de payer des cours particuliers de piano à sa fille. «Elle aime beaucoup la musique. Je trouve qu'elle est privilégiée de pouvoir jouer du piano.»

Ces cours sont donnés bénévolement par des étudiants de l'Université McGill qui se déplacent à l'école Champlain. Cette année, 38 élèves sont inscrits. Ils pourraient être bien plus nombreux s'il y avait davantage de professeurs.

À la fin de l'année, les élèves donnent un récital à l'Université McGill, à l'autre bout de la ville. Une expérience magique pour eux qui ont rarement l'occasion de dépasser l'avenue De Lorimier.