«Écoute ça», dit Julie en pianotant sur son téléphone pour faire apparaître son profil Facebook. «Ça dit: «Salope, j'te souhaite de perdre un membre de ta famille que tu aimes, j'te souhaite de perdre une amie que t'aimes. Si t'as un enfant un jour, j'te souhaite de l'perdre. À part ta p'tite gang de tapettes pis de plottes sales, tout l'monde te souhaite de crever lentement p'tite conne, tu t'rends pas compte que s'que tu faisais connasse, t'as scrappé la vie de plein d'monde. Crève lentement p'tite chienne.»»

Julie, grande soeur de Sophie, jette son téléphone sur le comptoir. «Celui qui a écrit ça, j'le connais pas, et il ne connaît pas ma petite soeur. Mais il a écrit ça sur le profil Facebook de ma soeur! Il a décidé que ma soeur avait tué Marjorie!»

La jeune femme de 19 ans, qui est identifiée par un pseudonyme pour protéger l'identité de sa soeur de 15 ans, est dépassée par la tournure virulente des événements.

À ses côtés, son amie Jessyka Ouellet a aussi reçu depuis lundi près d'une centaine de messages haineux d'inconnus la traitant de «truie» ou de «salope». Pourquoi? Parce qu'elle a pris la défense de Sophie dans une conversation sur Facebook avec d'autres jeunes de Sainte-Anne-des-Monts. La conversation étant publique, l'auditoire a rapidement débordé des frontières du village...

Pendant ce temps, Sophie est confinée à la maison. «L'école lui a dit de ne pas revenir tout de suite parce qu'ils ont peur pour sa sécurité, dit Julie. Ce n'est que mercredi qu'on lui a offert un psychologue...»

Les parents de Sophie tentent du mieux qu'ils peuvent de la protéger, dit sa soeur. «Elle n'a plus accès à Facebook depuis lundi», dit Julie. Elle réfute vigoureusement l'allégation selon laquelle Sophie se serait réjouie de la mort de Marjorie. «Quelqu'un a écrit un faux statut sur Facebook en son nom. Ce n'est pas elle qui a écrit ça!»

Jessyka, quant à elle, écume Facebook et signale aux autorités du réseau social la création de pages qui s'en prennent à Sophie. Elle a vu passer des groupes comme «Anti Sophie», «F. Sophie» et même «Gatineau contre Sophie». Elle soupire. «Est-ce qu'ils attendent qu'on doive créer une page «RIP Sophie» pour se calmer?»