Si le décrochage scolaire est aussi élevé au Québec, c'est parce que les parents ne jouent pas bien leur rôle, estime le premier ministre Jean Charest.

Selon lui, «c'est trop facile de blâmer le système», le gouvernement et le réseau scolaire pour le nombre élevé de décrocheurs. Il montre du doigt les parents qui ne s'intéressent «pas assez» à l'éducation de leurs enfants.

«Chaque fois que la question du décrochage scolaire est soulevée, on vise les commissions scolaires, on vise les professeurs, on vise les politiciens. Mais on oublie les acteurs les plus importants: les parents. J'aimerais savoir pourquoi on parle si peu du rôle des parents au sujet du décrochage scolaire alors que c'est à eux qu'on doit s'adresser. Les parents doivent s'intéresser à l'éducation de leurs enfants», a affirmé M. Charest mardi devant des gens d'affaires réunis au Focus stratégique Québec 2010.

Selon des données rendues publiques par le ministère de l'Éducation la semaine dernière, deux élèves sur cinq ne terminent pas leur secondaire en cinq ans. Seulement 54,9% des garçons obtiennent leur diplôme dans le délai prévu, alors que 67,5% des filles y parviennent. Le décrochage est plus élevé chez les élèves francophones que chez les anglophones. Ils sont respectivement 60,2% et 71,6% à obtenir leur diplôme en cinq ans. Cette différence s'explique par l'attitude des parents, selon M. Charest.

«Pourquoi, dans certaines communautés, le taux de poursuite des études est très élevé? s'est-il demandé. Pourquoi ils sont à l'école alors que d'autres n'y sont pas? Il y a une raison pour ça. Et au Québec, si vous vous intéressez à la question de la poursuite des études, moi, j'ai très hâte comme premier ministre d'entendre les gens me parler de ce que nous devons faire pour interpeller les principaux concernés, les parents.»

Jean Charest a ensuite fait valoir que les dépenses publiques en éducation représentent 7,5% du PIB québécois. «On dépense assez, beaucoup», a-t-il dit, renvoyant une fois de plus la balle aux parents dans ce dossier chaud.

Devant les journalistes qui l'attendaient à la sortie, Jean Charest a dit: «Le gouvernement fait son travail et reconnaît sa responsabilité, les commissions scolaires et les profs aussi. Dieu sait qu'on demande aux profs aujourd'hui de faire des choses qu'on ne leur demandait pas il y a 20 ans. On leur en demande beaucoup. Ce qui m'étonne, dans le débat, c'est le peu d'attention qu'on donne aux parents et à leur rôle.»

Selon lui, les parents «devraient tous les jours s'enquérir auprès de leurs enfants de leurs études. (...) Je pense que ça ne se fait pas assez. Je sais que ça ne se fait pas assez.»

«Je ne m'attends pas à ce que les parents refassent leurs cours primaire ou secondaire. Mais, tous les jours, un enfant doit savoir que son père, sa mère, celui qui est son gardien, se préoccupe de ses études. Si les parents ne faisaient que ça, ils enverraient un message puissant à leur enfant selon lequel étudier, c'est important.»

Les gens d'affaires qui participent au Focus Stratégique Québec 2010 veulent faire de l'éducation une «priorité nationale». Le forum se veut «un processus de réflexion sur les forces et les défis du Québec». Il est organisé par la firme SECOR.