La Fédération étudiante collégiale et les professionnels de l'éducation de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) se sont portés à la défense des étudiants issus de la réforme, lundi, à l'occasion de la rentrée dans les cégeps de cette première cohorte d'étudiants.

La FECQ a tenu à souligner certains aspects positifs du renouveau pédagogique, au cours d'une rencontre avec la presse au Collège Ahuntsic, à Montréal.

La Fédération étudiante collégiale est lasse d'entendre qualifier de cobayes ou de génération sacrifiée les étudiants issus de la réforme. Elle estime qu'ils pourraient même être plus compétents que leurs prédécesseurs dans certains domaines.

«On a beaucoup dénigré ces étudiants-là. À notre avis, c'est très déplorable parce que justement, ce sont des étudiants qui, à beaucoup de niveaux, sont même plus compétents que les étudiants qui étaient là précédemment. Je pense qu'il faut plutôt envoyer un message positif à ces étudiants. Ce ne sont pas des cobayes non plus, comme si on avait sacrifié cette génération-là», a commenté le président de la FECQ, Léo Bureau-Blouin.

Ces étudiants de la réforme, croit-il, ont développé davantage certaines capacités comme le travail en équipe, la facilité à communiquer, la participation à des débats et la débrouillardise. Ces habiletés pourraient même les favoriser dans des secteurs comme les sciences humaines et sociales, argue M. Bureau-Blouin.

Il prévoit davantage de difficultés possibles dans les sciences de la nature, par exemple, à cause des modifications qui ont été apportées aux cours de mathématiques de quatrième et cinquième secondaires et de chimie.

À son tour, la Fédération du personnel professionnel des collèges s'est portée à la défense de ces étudiants. «Ces étudiants ne sont pas différents de ceux qui les ont précédés, sinon qu'ils ont eu une formation différente. Il n'y a probablement aucune catastrophe à prévoir pour cet automne dans les collèges du Québec. Ils ne seront ni moins bons ni plus forts que les étudiants précédents», affirme la fédération syndicale, dans un communiqué.

Des membres de la fédération des professionnels sont en contact avec certains étudiants de cette cohorte depuis deux semaines déjà, puisque certains étudiants ont besoin d'aide, de mesures de soutien.

Le président de la fédération, Bernard Bérubé, rappelle que les enseignants du secondaire savaient que bon nombre de leurs étudiants fréquenteraient éventuellement le cégep et auraient donc besoin de développer certaines habiletés.

La fédération syndicale s'inquiète davantage des restrictions budgétaires, craignant que celles-ci entraînent une diminution du nombre de professionnels qui pourront épauler les étudiants et les enseignants.

Recommandations étudiantes

Néanmoins, pour faire face aux difficultés qui pourraient être encourues par ces nouvelles cohortes d'étudiants, la fédération étudiante formule huit recommandations au ministère pour faciliter le passage du secondaire au collégial.

Entre autres, la fédération recommande que le premier cours de chimie du collégial reprenne des notions qui ont été mises de côté jusqu'à ce qu'une modification soit apportée au contenu du cours de chimie au secondaire.

De même, elle propose de modifier le premier cours de mathématiques au collégial en attendant des ajustements aux séquences des cours de mathématiques au secondaire.

De façon plus générale, elle demande que les directions de cégep offrent aux enseignants une formation suffisante pour qu'ils puissent adapter leurs pratiques pédagogiques aux étudiants issus de la réforme. «Tout le fardeau ne doit pas être mis sur le corps professoral», a estimé M. Bureau-Blouin.

«Ça va être dans les prochaines années qu'on va être plus à même de constater quel est réellement le cursus acquis ou réel de ces étudiants-là» et non seulement ce qu'ils sont censés avoir acquis. «Il faut laisser le temps au renouveau pédagogique de s'implanter», a plaidé M. Bureau-Blouin.

La Fédération étudiante collégiale représente, par le biais de ses associations étudiantes membres, environ 55 000 étudiants de cégep dans l'ensemble du Québec.

La fédération de la CSQ représente 1200 professionnels dans 34 collèges du Québec.