C'est officiellement cet après-midi que les grandes vacances commencent pour le million d'élèves que compte le Québec. Mais des jeunes de l'école secondaire Honoré-Mercier, dans le sud-ouest de Montréal, ont fait la fête dès hier. Et pour cause: c'était le lancement du CD de chansons qu'ils ont eux-mêmes écrites, composées et interprétées, avec l'appui d'artistes de Nuits d'Afrique.

Élection de Barack Obama, prostitution juvénile en Thaïlande, suicide chez les adolescents : les paroles écrites dans le cours de français de 4e secondaire sont d'un sérieux à faire rougir Lady GaGa. «Ma chanson raconte une tuerie dans une école, parce que je trouve que c'est important d'en parler, a témoigné Sara Lapalus, 16 ans. Si on est méchant avec un élève, ça peut mener à ça.»

Alix-Olivier Rigaud, 17 ans, a chanté avec aisance un rap dénonçant la violence conjugale. L'histoire d'une femme qui cache «des bleus sur ses bras et un coquard sous ses lunettes Dolce & Gabbana». Quant à Klaud Xhaferi, 15 ans, il a abordé la dure réalité des enfants de Palestine sur un air reggae. «Je suis fier de moi : c'est un gros projet, pour lequel on a beaucoup travaillé», a dit le jeune homme d'origine albanaise, après sa prestation.

Étudier la grammaire dans la joie

Écrire des paroles de chansons a motivé les élèves à travailler l'argumentation, la structure de phrase et la grammaire, a indiqué Julie Patenaude, l'enseignante instigatrice du projet. Le parrainage d'artistes bénévoles, comme le reggaeman Buntin Neil, a aussi valorisé ces jeunes issus d'un quartier défavorisé. «Beaucoup d'élèves n'ont pas d'hommes auprès d'eux, alors c'était significatif que des hommes d'autres cultures leur disent: ''T'es capable!''» a souligné Mme Patenaude.

Au total, une cinquantaine de jeunes ont participé au projet, allant jusqu'à proposer des illustrations pour la pochette du CD intitulé Un chant d'espoir. «Vous êtes les mêmes élèves que dans les écoles privées», a dit l'enseignante aux adolescents, hier. «La différence, c'est qu'ils manquent de confiance en eux, mais ils ont le même potentiel», a-t-elle assuré.

Pas de problème de cohabitation

L'école Honoré-Mercier - et ses élèves - en ont marre de faire parler d'eux négativement. «Nous, on va là et on sait qu'il y a plein de beaux projets, a fait valoir Sara Lapalus. On n'a pas envie que les gens voient Honoré-Mercier sur notre CV et disent: "Ahhhh..." avec déception. C'est une bonne école!»

La clientèle de l'école a rapidement changé ces dernières années. «Il y a 10 ans, il y avait deux élèves noirs dans toute l'école», a dit Fouzia Sahrane, enseignante de français. Aujourd'hui, l'école est multiculturelle «et il n'y a pas du tout de problème de cohabitation», a assuré Bruno Charreyron, directeur d'Honoré-Mercier.

Peu importe leur origine, tous avaient un mot en tête hier : vacances. «On se sent libérés, a dit Alix-Olivier Rigaud. C'est l'été, il faut beau et on va en profiter.» Son répit sera de courte durée : dès lundi, l'adolescent travaillera pour le ministère de l'Immigration, grâce au programme Valorisation Jeunesse. «Je vais faire des photocopies», a-t-il expliqué avec l'enthousiasme de la jeunesse.

Bon été à tous!

Crédits chanson :

 

Texte : Nadine Al-Yafie, Tehmeena Susan Rajput

Musique : Amar Fall

Interprétation : Dania Proulx, Cynthia Létourneau-Bélanger