Faute d'obtenir de nouvelles directives du gouvernement Harper dans les prochains mois, le chef d'état-major des Forces armées canadiennes, le général Walt Natynczyk, rapatriera tous les soldats canadiens actuellement déployés en Afghanistan au plus tard en juillet 2011.

Dans une entrevue diffusée sur le réseau CBC mardi soir, à la veille des cérémonies du jour du Souvenir, le grand patron des Forces armées canadiennes a été on ne peut plus clair.

 

S'il veut respecter la motion adoptée par la Chambre des communes au printemps 2008, qui a permis de prolonger la mission de combat des troupes canadiennes en Afghanistan jusqu'en 2011, aucun des 2800 soldats qui s'y trouvent ne pourra y demeurer.

«La motion stipule que la mission militaire doit prendre fin en juillet 2011. Ce sont les termes de la motion. Quant à moi, c'est assez clair. Nous, aux Forces armées, nous effectuons des missions militaires», a déclaré le général Natynczyk.

Des ministres du gouvernement Harper, dont le ministre de la Défense, Peter MacKay, ont évoqué la possibilité de maintenir un contingent réduit en Afghanistan après 2011 pour accomplir du travail humanitaire, appuyer les efforts de reconstruction, continuer à former les troupes afghanes ou assurer la protection ou la sécurité des travailleurs humanitaires.

Or, l'Afghanistan demeure un pays dangereux et hostile, et les soldats canadiens peuvent difficilement faire leur travail sans mandat militaire, selon le général Natynczyk.

«Actuellement, nous assurons une protection, nous assurons la sécurité, nous permettons aux autorités de gouverner, nous permettons la croissance, nous formons des troupes. Mais notre mandat est un mandat de sécurité et de protection. C'est une mission militaire», a affirmé le général.

Le gouvernement Harper devra donc faire connaître ses intentions assez rapidement aux commandants des Forces armées si l'on veut maintenir des soldats en sol afghan. Car le rapatriement des troupes et le déménagement de l'équipement militaire risquent de prendre des mois, voire plus d'une année. La planification de ce retour au pays est déjà entamée.

À la lumière des propos du général Natynczyk, les trois partis de l'opposition ont réclamé hier la tenue d'un débat le plus rapidement possible à la Chambre des communes sur le rôle du Canada en Afghanistan après 2011.

Le critique libéral en matière de défense, Ujjal Dosanjh, a accusé les conservateurs de Stephen Harper d'entretenir la confusion et l'ambiguïté au sujet du rôle du Canada au-delà de 2011.

«Le ministre MacKay et d'autres ministres entretiennent la confusion. Ils croient qu'un certain nombre de soldats pourraient devoir demeurer là-bas pour protéger ceux qui font du travail humanitaire et du développement. Si telles sont leurs intentions, ils doivent le dire aux Canadiens. Ils doivent proposer une nouvelle motion pour qu'on puisse en débattre aux Communes. Nous devons bien cela à nos soldats», a dit M. Dosanjh.

Ce débat doit avoir lieu au plus tard au début de 2010, selon le député libéral.

Le député bloquiste Claude Bachand abonde en ce sens: «Nous ne sommes pas contre le fait que des soldats demeurent en Afghanistan après 2011 pour une mission humanitaire ou pour la reconstruction. Mais il faut un débat et je pense que la population est prête à avoir un débat là-dessus.»

Pour sa part, le député du NPD Paul Dewar a affirmé que son parti appuie le retrait total des troupes en 2011. Il a précisé que le Canada devrait mettre plus d'efforts à trouver une solution diplomatique à la guerre actuelle en invitant d'autres pays comme la Russie, la Chine et l'Inde à jouer un rôle.

Depuis 2002, 132 soldats, deux travailleuses humanitaires et un diplomate canadiens ont été tués en Afghanistan.